Margaret est une jeune irlandaise née à Cork dans une famille et une époque, le XIXe siècle, incapables de lui promettre un destin à sa hauteur. Son mentor, un professeur de sciences, la pousse à se grimer en garçon afin de suivre les études de médecine qui la passionnent. Elle bande ses seins, achète des vêtements masculins, change l'intonation de sa voix et devient Jonathan Mirandus Perry. Mais derrière la réussite éclatante, Margaret apprend à se cacher sans cesse. Afin d'être pleinement ce qu'elle veut, elle doit mener une double vie ou plutôt une vie multiple. Inspiré de l'histoire vraie du Dr James Miranda Barry, le premier roman de E.J. Levy a choisi un angle inédit : certains considèrent ce personnage réel comme le premier transsexuel de l'histoire. Levy défend un autre point de vue. Selon elle, Jonathan et Margaret cohabitent dans la même peau, l'un suivant la carrière ascendante d'un homme, l'autre s'autorisant dans l'intimité la plus secrète à être une femme amoureuse.
« Ce roman nous pousse à mettre de côté notre conception de l'existence pour entrer dans la peau d'un personnage hors du commun. C'est ce que font les très bons romans : nous faire réfléchir autrement ».
Richard Russo.
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.
À la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu'il avait toujours ignoré : avant de quitter la RDA pour passer à l'Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance.Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue. Son enquête le conduit jusqu'à Svenja, qui mène une tout autre vie que lui : restée en Allemagne de l'Est, elle a épousé un néo-nazi et élevé dans cette doctrine une fille nommée Sigrun.Kaspar serait prêt à voir en elles les membres d'une nouvelle famille. Mais leurs différences idéologiques font obstacle : comment comprendre qu'une adolescente, par ailleurs intelligente, puisse soutenir des théories complotistes et racistes ? Comment l'amour peut-il naître dans ce climat de méfiance et de haine ?Cette rencontre contrariée entre un grand-père et sa petite-fille nous entraîne dans un passionnant voyage politique à travers l'histoire et les territoires allemands. Plus de vingt-cinq ans après Le liseur, Bernhard Schlink offre de nouveau un grand roman sur l'Allemagne qui sonde puissamment la place du passé dans le présent, et nous interroge sur ce qui peut unir ou séparer les êtres.
- Le dolmen dont tu m'as parlé, Johan, il est bien sur la route du petit pont ?- À deux kilomètres après le petit pont, ne te trompe pas. Sur ta gauche, tu ne peux pas le manquer. Il est splendide, toutes ses pierres sont encore debout.- Ça date de quand, un dolmen ?- Environ quatre mille ans.- Donc des pierres pénétrées par les siècles. C'est parfait pour moi.- Mais parfait pour quoi ?- Et cela servait à quoi, ces dolmens ? demanda Adamsberg sans répondre.- Ce sont des monuments funéraires. Des tombes, si tu préfères, faites de pierres dressées recouvertes par de grandes dalles. J'espère que cela ne te gêne pas.- En rien. C'est là que je vais aller m'allonger, en hauteur sur la dalle, sous le soleil.- Et qu'est-ce que tu vas foutre là-dessus ?- Je ne sais pas, Johan.
«?L'accouplement est un cérémonial - s'il ne l'est pas c'est un travail de chien.?».
Au début des années soixante, un jeune homme est nommé instituteur dans un village du Périgord, le pays des grottes préhistoriques, entre Les Eyzies et Montignac.
Dense, tendu, plein de fulgurances et d'emportements le roman fait de cette terre l'espace à vif d'une quête amoureuse. Yvonne, la belle buraliste, porte en elle la brûlure du désir, tout le mystère de la différence des sexes - l'origine du monde.
«J'avais été jadis un voyageur insouciant. Je devins un lecteur de grand chemin, toujours aussi rêveur mais un livre à la main. Je lus, adossé à tous les talus d'Europe, à l'orée de vastes forêts. Je lus dans des gares, sur de petits ports, des aires d'autoroute, à l'abri d'une grange, d'un hangar à bateaux où je m'abritais de la pluie et du vent. Le soir je me glissais dans mon duvet et tant que ma page était un peu claire, sous la dernière lumière du jour, je lisais.J'étais redevenu un vagabond, mal rasé, hirsute, un vagabond de mots dans un voyage de songes.»Ce roman est le récit d'une vie d'errance et de lectures, aussi dur que sensuel, aussi sombre que solaire. Le chaos d'une vie, éclairée à chaque carrefour périlleux par la découverte d'un écrivain. René Frégni, conteur-né, ne se départit jamais de son émerveillement devant la beauté du monde et des femmes. Fugueur, rebelle, passionné de paysages grandioses, qui restent pour lui indissociables des chocs littéraires. Un homme qui marche un livre et un cahier à la main.
Salomé est une jeune romancière à succès. Alors qu'elle commence l'écriture de son prochain livre, Raphaëlle Lombardo surgit dans sa vie. Maman à la tendresse qui dérape, elle peine à faire grandir ses enfants. Elle est l'épouse que le conjoint abandonne, la fille qu'on a mal aimée. Son petit dernier, son «bébé d'amour», était sa dernière chance. En commettant l'interdit, elle rejoint le cercle tragique des criminelles et réclame la parole : être jugée plutôt que réduite au silence.À contre-courant de la maternité idéalisée, Vinciane Moeschler dresse le portrait d'une femme que personne n'a voulu voir sombrer. En abordant de manière frontale un sujet qui dérange, elle questionne les limites d'un acte qui assassine nos repères. Un roman inclassable, terriblement puissant.
«La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage.»Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les Gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un monde : celui d'une République islamique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.
Dans la ville de Boston, la clinique de Mercy Street offre un nouveau départ aux femmes désireuses d'avorter. C'est là que Claudia travaille depuis des années. Chaque jour, elle affronte la peur et la détresse de nombreuses patientes aux destinées bouleversées. À cela s'ajoute la détermination des militants anti-avortement dont la présence quotidienne aux alentours de la clinique rend l'ambiance tendue, sinon dangereuse. Pour faire face à cette pression constante, Claudia fréquente un sympathique dealer d'herbe, Timmy, qui compte parmi ses clients un jeune homme introverti et solitaire. Sur une plateforme en ligne, ce dernier se met au service d'un gourou pro-vie qui commence peu à peu à développer une fixation sur Claudia.
Poignant, juste et d'une actualité brûlante, Mercy Street, le nouveau roman de Jennifer Haigh explore les ambiguïtés et les failles d'une société au bord de l'explosion.
Lionel Shriver met toute son ironie, son acuité et sa tendresse dans cette nouvelle bombe de provocation. Hilarante et touchante, une oeuvre explosive doublée d'une réflexion mordante sur notre rapport à la vieillesse et sur l'art délicat de préparer sa sortie.
Pendant dix ans, Kay a assisté son père atteint de la maladie d'Alzheimer. À la mort de ce dernier, le soulagement l'emporte sur la tristesse et une question surgit : comment gérer sa propre fin de vie ?
Une discussion avec son mari Cyril, quelques verres de vin et les voici qui en viennent à nouer un pacte. Certes, ils n'ont que cinquante ans, sont en bonne santé et comptent bien profiter encore de leurs proches, mais pas question de faire peser sur ceux-ci et sur la société leur inéluctable déliquescence. C'est décidé, le jour de leurs quatre-vingts ans, Kay et Cyril partiront ensemble.
Le temps passe et voici qu'arrive la date fatidique.
Une date, douze possibilités et une conclusion : dans la vie, tout est à prendre ou à laisser...
Après l'immense succès du Grand Monde Un ogre de béton, une vilaine chute dans l'escalier, le Salon des arts ménagers, une grossesse problématique, la miraculée du Charleville-Paris, la propreté des Françaises, « Savons du Levant, Savons des Gagnants », les lapins du laboratoire Delaveau, vingt mille francs de la main à la main, une affaire judiciaire relancée, la mort d'un village, le mystérieux professeur Keller, un boxeur amoureux, les nécessités du progrès, le chat Joseph, l'inexorable montée des eaux, une vendeuse aux yeux gris, la confession de l'ingénieur Destouches, un accident de voiture. Et trois histoires d'amour.
Un roman virtuose de Pierre Lemaitre
Andrew, vétéran américain du 6 juin 1944, trouve la force de revenir en Normandie à la fin de ses jours pour revoir la terre qui l'a si profondément marqué. Une guide des plages du débarquement doit l'accueillir, Magali, âgée d'une trentaine d'années.
Dans sa profession, accompagner un vétéran d'Omaha Beach, c'est le Saint-Graal. Mais ce matin, lorsqu'on lui annonce l'arrivée d'Andrew, Magali se sent dépassée. Il y a neuf mois, son mari a disparu et depuis l'enquête piétine, personne ne sait s'il est mort ou vivant. Seule avec ses deux enfants, elle est morte d'inquiétude. La visite de ce vieil Américain, alors qu'elle musèle sa douleur avec des médicaments depuis des semaines, c'est trop.
Les vétérans se déplacent toujours en famille, souvent accompagnés d'une association, toujours accueillis comme des demi-dieux, presque des stars du rock. Pourtant à la gare de Bayeux, Andrew est seul. Magali n'en revient pas. Ce vieillard qui peine à marcher a fait le voyage depuis le Connecticut sans l'aide de personne. Qui est-il ? Que cache cette détermination solitaire ?
Construit comme un singulier jeu de miroir, sur une journée associant rythme implacable et temps suspendu de la vie intérieure, Débarquer est un roman de désapprentissage. Magali et Andrew ont déjà parcouru un rude chemin de vie, et les voilà confrontés à un passé qui ne passe pas. Comme les échos d'une guerre destructrice marquent à jamais les territoires et les êtres, Hugo Boris livre un roman fort et magnétique, une traversée vers l'aube qui ne se laisse pas oublier.
Ce roman très fort s'ouvre par une plongée fracassante et absolument maîtrisée dans l'horreur du débarquement.
Des dizaines d'années plus tard, Magali, guide des plages de Normandie et jeune mère qui souffre de la disparition mystérieuse de son mari se voit confier la responsabilité d'Andrew, vétéran américain de juin 44.
Rencontre touchante entre deux âmes brisées, entre deux solitudes, dépeinte avec beaucoup de finesse psychologique.
F.
Alice, une jeune romancière ayant connu un succès fulgurant, quitte Dublin pour s'installer dans un village d'Irlande. Elle fait la connaissance de Felix sur un site de rencontres. Eileen, la meilleure amie d'Alice, préfère rester dans la capitale et travaille pour un magazine littéraire. Elle renoue avec Simon, un copain d'enfance qui n'a jamais caché son attirance pour elle. Malgré la distance, Alice et Eileen se parlent presque tous les jours, ou plutôt elles s'écrivent. Des e-mails aussi drôles qu'intimes où elles laissent libre cours à leurs réflexions sur le sexe, l'amour, l'argent, l'amitié, la politique.
Mais le monde s'assombrit. L'inégalité, l'injustice, la violence ne cessent de grandir. Comment continuer à se comprendre, s'aimer et admirer la beauté qui nous entoure quand le pire semble inévitable ?
Après Normal People, Sally Rooney nous fait partager les rêves et les déceptions de ces enfants du siècle avec une franchise et une justesse remarquables.
Sally Rooney impressionne, encore une fois, par la grande maîtrise de son écriture, presque cinématographique, dans laquelle dialogues et descriptions s’entrelacent délicatement pour décrire au plus près les émotions de ses personnages, leurs interactions, les moments suspendus… Alice, Eileen, Simon et Félix, quatre trentenaires, sont les grands héros romantiques, écorchés et touchants, de ce roman contemporain rythmé par les échanges épistolaires des deux jeunes filles.
Un portrait bouleversant de notre siècle, avec ses beautés et ses failles, loin des clichés, brossé avec une infinie tendresse et une justesse implacable.
F.
Londres, 1967. Dans l'effervescence des Swinging Sixties se forme un improbable groupe de folk-rock psychédélique nommé Utopia Avenue. Chapeauté par l'excentrique manager canadien Levon Frankland, ce groupe fictif connaît une ascension fulgurante et croise la trajectoire de célébrités bien réelles telles que Syd Barrett, Francis Bacon, Leonard Cohen ou Janis Joplin.
Dans ce roman aux accents de biographie rock, David Mitchell raconte avec une minutie éblouissante le mystère de la composition de chansons, le tumulte des premiers concerts dans les bars et les sessions en studio, les rencontres décisives, les caprices du hasard, les ambitions contradictoires et les conséquences de la célébrité. Au-delà, c'est le portrait d'une époque encore toute proche qu'il dresse, celui d'un Londres où le sexe se libère et où circule le LSD, mais où certains lieux publics et emplois sont encore interdits aux Noirs et aux Irlandais.
Utopia Avenue, vous connaissez ?
Certainement pas car ce groupe de Rock Folk des années 60 est sorti tout droit de l'imagination de David Mitchell. Mais cela ne nous empêchera pas de croiser des artistes et futurs stars bien réels tels que, entre autres, Bowie, Hendrix, Joplin ou encore Lennon.
Liberté, folie, drame, drogues, amours, plongez sans hésiter dans ce superbe roman musical !
A.
Victor rencontre Lucía lors d'une soirée et passe la nuit avec elle. Quelques jours plus tard, elle retourne dans le sud de l'Espagne, où elle vit. Désoeuvré et amoureux, sans autre indice que le nom d'une ville - Grenade -, le jeune homme de vingt ans décide de partir à sa recherche. Lucía, Lucía, Lucía... Il se perd dans un labyrinthe de ruelles éblouissantes, à l'image de sa passion pour la jeune femme, qui augmente à mesure qu'elle lui échappe. Sans Lucía, à qui se confier ? Qui aimer ? Victor découvre la trompette et se confie à elle comme à un amour, en jouant à se perdre de bonheur, à défaut de retrouver la jeune femme.
Et soudain : Lucía. Ils renouent. Ils s'aiment. Ils s'adorent. Tout de même, Lucía a des comportements bien énigmatiques... Elle a une conception du couple, comment dit-elle ? ouverte. S'ouvre un champ d'expérimentations périlleux.
Entre distance humoristique et panique existentielle, les éblouissements esthétiques naissants et les charmes de l'amour incertain, un premier roman charmeur et déchirant comme un solo de trompette dans la nuit.
Bouleversante histoire d’une obsession amoureuse qui entraine le lecteur de Bruxelles au sud de l’Espagne, portée par une magnifique écriture, sobre, concise et délicate.
Elle s'appelait Lucía, cette jeune femme, libre, artiste et fantasque, qui apparait un jour de manière fugace dans la vie du jeune Victor et laissera sur lui une empreinte indélébile. Commence alors pour le héros un voyage initiatique, jusqu’à Grenade, à se perdre, dans les ruelles étroites de la ville et dans le tourbillon de ses questionnements, et à se trouver ou se retrouver là où il ne s’y attendait pas, dans la musique.
Amoureux des mots, l’auteur pose un regard tendre sur ses personnages et fait la part belle aux émotions, qu’il brosse avec beaucoup de pudeur, de poésie et la juste dose d’autodérision. On pense à Truffaut, on pense également à Raymond Radiguet ou Jean-Philippe Toussaint…
Véritable petit bijou de littérature, un superbe premier roman qui invite à la rêverie et à l’évasion, à la fois lumineux et profond, sensible et drôle, léger et terriblement intelligent.
F.
Idaho, 1995. Par une chaude et insouciante journée d'août, Wade, Jenny et leurs deux petites filles, June et May, se rendent dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. S'y produit soudain un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann au milieu des paysages sauvages et âpres de l'Idaho. Mais tandis que la mémoire de son mari vacille, Ann devient obsédée par le passé de Wade. Déterminée à comprendre cette famille qu'elle n'a jamais connue, elle s'efforce de reconstituer ce qui est arrivé à la première épouse de Wade et à leurs filles.
Avec pudeur et sensibilité, la voix envoûtante d’Emily Ruskovich fait entrer le lecteur dans l’intimité d’une famille déchirée par le drame. D’ellipses en flashbacks, l’auteure dévoile des bribes de vie éparses, semblables à la mémoire de Wade qui s’effrite petit à petit. Un premier roman agréablement déroutant, qui continue à habiter le lecteur longtemps après la lecture.
F.
Rome, fin des années 1960. Leo Gazzarra, milanais d'origine, est depuis quelques années installé dans la capitale. Il vit de petits boulots pour des revues et des journaux. Viscéralement inadapté, dans un monde où il ne parvient pas à trouver sa place, il se laisse aller à des journées qui se ressemblent et à des nuits souvent alcoolisées. Leo n'en veut à personne et ne revendique rien. Le soir de ses trente ans, il rencontre Arianna, une jeune femme exubérante à la fois fragile et séductrice. Sûre de sa beauté mais incapable d'exprimer ses véritables sentiments, Arianna est évanescente. Elle apparaît et disparaît, bouleversant le quotidien mélancolique d'un homme qu'elle aurait peut-être pu sauver de sa dérive existentielle.Dans ce premier roman, paru pour la première fois en Italie en 1973, Gianfranco Calligarich évoque les cercles intellectuels et mondains de l'époque tout en dressant le portrait d'un homme qui cherche un sens à sa vie. Une histoire d'amour et de solitude, récit d'un renoncement tranquille, qui nous plonge dans une Rome solaire, magnétique.
Le temps de quelques journées trop chaudes et de quelques soirées trop alcoolisées, des êtres meurtris et perdus se croisent et se décroisent dans la Rome des années 60. Portrait émouvant d’une jeunesse désabusée, bouleversant roman d’amour, porté par une écriture poétique, délicate et ensoleillée. C’est beau, tout simplement.
F.
Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.
- Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion. J Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai :
- Heu... C'est quoi, une corde de bois ?
Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s'apprête à vivre seul au coeur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages.
S’isoler dans le fin fond du Montana en plein cœur de l’hiver pour préserver des œufs de saumons, voilà la mission folle et inconsciente qu’accepte le jeune Pete Fromm complètement inexpérimenté. Entre doutes, sensations extrêmes, paysages grandioses, une douce insouciance et une bonne dose d’autodérision, l’auteur nous offre un récit initiatique majestueux.
F.
Quand on a fait, comme le dit Seyoum avec cynisme, «de l'espoir son fonds de commerce», qu'on est devenu l'un des plus gros passeurs de la côte libyenne, et qu'on a le cerveau dévoré par le khat et l'alcool, est-on encore capable d'humanité ?C'est toute la question qui se pose lorsque arrive un énième convoi rempli de candidats désespérés à la traversée. Avec ce convoi particulier remonte soudain tout son passé : sa famille détruite par la dictature en Érythrée, l'embrigadement forcé dans le camp de Sawa, les scènes de torture, la fuite, l'emprisonnement, son amour perdu...À travers les destins croisés de ces migrants et de leur bourreau, Stéphanie Coste dresse une grande fresque de l'histoire d'un continent meurtri. Son écriture d'une force inouïe, taillée à la serpe, dans un rythme haletant nous entraîne au plus profond de la folie des hommes.
Seymour, jadis jeune Erythréen entouré de sa famille et amoureux de la belle Madiha, est devenu en quelques années le plus gros passeur de la côte Libyenne, défoncé au khat et à l'alcool. Il va pourtant se faire rattraper par son passé de manière inattendue et l'affronter plein de désespoir et d'amour. Dans ce monde dépourvu d'humanité, Stéphanie Coste réussit un tour de force, faire surgir une étincelle dans le coeur le plus noir.
A.
Arnaud
Il est des hommes est un roman noir, au sens où il ambitionne de dire quelque chose du monde social, de sa dureté, de sa folie, de sa barbarie. Un roman qui se confronte aux forces du mal, qui raconte l'enfance dévastée, l'injustice, le sida, la drogue, la violence dans une cité de Marseille entre les années 80 et 2000.
Le narrateur, Karel, est un garçon des quartiers Nord. Il grandit dans la cité Antonin Artaud, cité fictive adossée au massif de l'Etoile et flanquée d'un bidonville, « le passage 50 », habité par des gitans sédentarisés. Karel vit avec sa soeur Hendricka et son petit frère Mohand, infirme. Ils essaient de survivre à leur enfance, entre maltraitance, toxicomanie, pauvreté des parents, et indifférence des institutions.
Le roman s'ouvre sur l'assassinat de leur père. Les trois enfants vont s'inventer chacun un destin. Karel s'interroge : « Qui a tué mon père ? » Et fantasme sur la vie qu'il aurait pu mener s'il était né sous une bonne étoile, s'il avait eu des parents moins déviants et moins maltraitants. Il se demande s'il n'a pas été contaminé par la violence, s'il n'est pas dépositaire d'un héritage à la fois tragique et minable, qui l'amènerait à abîmer les gens comme son père l'a fait. Il veille sur son petit frère et voit sa soeur réussir une carrière au cinéma.
C'est aussi le roman de Marseille, d'avant le MUCEM et d'avant la disparition du marché de la Plaine, qui constitue la géographie sentimentale du livre. Et c'est une plongée romanesque dans toute une culture populaire dont l'auteure saisit l'énergie et les émotions à travers les chansons de l'époque, de Céline Dion à Michael Jackson, en passant par IAM , Cheb Hasni, Richard Cocciante ou Elton John.
JVTMP – je veux tuer mon père. Tel est le pacte terrible qui unit une fratrie face à un père toxicomane violent dans une cité du nord de Marseille, dans les années 90. Les mots de Rebecca Lighieri sont crus, sensibles, charnels et dressent le portrait d’une époque, d’un milieu, à travers toute sa culture populaire, avec, en filigrane, cette question : peut-on échapper au déterminisme social ? Quelle claque !
F.
En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l'armée française. Après la Libération, le couple s'installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu'Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et du manque d'argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d'une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l'indépendance de l'ancien protectorat. Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation. Après deux romans au style clinique et acéré, Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une jeune alsacienne suit son mari dans un Maroc en ébullition, en marche vers son indépendance.
Une étrangère dans un pays dominé par des valeurs patriarcales. Un homme devenu étranger dans un pays de colons. Des enfants métisses tiraillés entre deux cultures. Une jeune fille en recherche d’une émancipation sans cesse bridée dans ce pays des hommes. Le pays des autres. Autant de personnages complexes qui acquièrent une finesse et une profondeur psychologiques rares sous les mots justes et délicats de Leila Slimani.
Vivement la suite !
F.
Sur Favitas, une île presque déserte cernée par des pays en guerre, parle Vita une vieille femme solitaire. Elle vit ici avec ses souvenirs, ses morts dont elle porte les ombres, ses chèvres et les paniers qu'elle tresse. Elle a aimé l'île, la mer, le corps des hommes et surtout celui de Yann mort assassiné.
Un jour le fils de Yann, jeune champion de course à pied débarque sur l'île. Il est à la recherche de lui-même. Il court dans le bonheur, la douleur, le doute, le défi. Il court pour n'être plus seulement le fils de Yann. L'Anse des coquelicots a la violence et la beauté des tragédies grecques.
Sur l'île perdue de Favitas, âpre et hors d'âge, il y a cette femme. Seule, vieille de sept vies, folle et libre. Il y a ce jeune qui court, fils perdu, père en devenir. Il y a cet enfant échoué dont l'enfance a disparu. Ce sont les ombres qui réunissent les personnages et pourtant, de ce texte puissant et organique, on gardera certes un peu de poussière sous la dent mais surtout la puissance du soleil dans l'oeil. La vie fragile et superbe comme les coquelicots du titre. Magnifique.
G.
Elles sont trois soeurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l'aînée, rêve d'une vie d'artiste à Paris ; Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine, et ses parents, des gens simples ; Mariette, la benjamine, apprend les secrets et les silences d'un monde éblouissant et cruel.
En 1970, dans cette société française qui change, où les femmes s'émancipent tandis que les hommes perdent leurs repères, les trois soeurs vont, chacune à sa façon, trouver comment vivre une vie à soi, une vie forte, loin de la morale, de l'éducation ou de la religion de l'enfance.
Cette saga familiale, qui nous entraîne de l'après Mai 68 à la grande nuit du 10 Mai 1981, est tout autant une déambulation tendre et tragique dans ce siècle que la chronique d'une époque où les consciences s'éveillent au bouleversement du monde et annoncent le chaos à venir.
Il fallait le talent de l'auteure de Bakhita pour en saisir le souffle épique et visionnaire, et la justesse intime.
Trois soeurs et autant de façons d'appréhender la liberté après une enfance dans une famille conservatrice et modeste. Dans les années 70 jusqu'à l'ère Mitterand, l'histoire très ancrée dans cette période de bouleversements sociétaux résonne forcément dans nos vies.
G.
«Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l'histoire qu'il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne.».
La Petite Indienne, c'est Betty Carpenter, née dans une baignoire, sixième de huit enfants.
Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee.
Lorsque les Carpenter s'installent dans la petite ville de Breathed, après des années d'errance, le paysage luxuriant de l'Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et soeurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l'écriture : elle confie sa douleur à des pages qu'elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu'un jour, toutes ces histoires n'en forment plus qu'une, qu'elle pourra enfin révéler.
Betty raconte les mystères de l'enfance et la perte de l'innocence. À travers la voix de sa jeune narratrice, Tiffany McDaniel chante le pouvoir réparateur des mots et donne naissance à une héroïne universelle.
Betty c’est l’histoire d’une émancipation, celle d’une métisse cherokee qui grandit dans l’Ohio des années 60, lorsque l’innocence naïve propre à l’enfance est confrontée, trop tôt, à la cruauté du monde, fait de pauvreté, de racisme, et de violences familiales. Betty c’est le pouvoir des mots et des mythes que lui raconte son père pour aborder ce monde avec amour, poésie et fantaisie. Betty c’est un roman qui transcende par sa justesse et sa profonde humanité et qui place incontestablement notre protagoniste au rang des jeunes héroïnes littéraires inoubliables.
F.