Littérature
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Alors que Thésée, roi d'Athènes, est introuvable, un sentiment trouble attache Phèdre, épouse du souverain, à son beau-fils, Hippolyte. Mais, toute à son culte, elle en vient à mépriser son idole : la princesse n'a pas l'amour aimant, et Hippolyte paiera cher sa préférence pour la pure Aricie. Phèdre est un corps brûlant, que la morale encombre et que les remords ennuient. Car l'incestueuse connaît un amour qui ne souffre pas l'objection. Elle aime en femme et en mère. Elle aime en monstre.
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Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n'aime que son époux défunt et son jeune fils. Le premier chef-d'oeuvre de Racine n'oppose que quatre personnages, parmi lesquels les femmes, Andromaque, Hermione, dominent. La folie emporte Hermione et Oreste, et la pièce se clôt sur la victoire de la pureté. Tant de violence et tant de dépouillement, voilà les causes du succès de la première grande tragédie de Racine.
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Sommet de la littérature du Grand Siècle, Bérénice offre une remarquable définition du tragique, qui prend à revers toutes les idées reçues portant sur le théâtre classique. Dans cette pièce, pas de faux dilemme : Titus a déjà fait son choix. Bérénice étant étrangère, le Romain devra renoncer à épouser celle qu'il aime pour devenir empereur. Or une telle femme ne saurait aimer un homme qui préfère l'amour à la gloire. Tout est décidé, et pourtant rien n'est joué. Car cette tragédie s'avère l'aventure de l'aveu, cet aveu que Titus n'ose prononcer et que Bérénice refuse d'entendre.Racine a le génie de la simplicité : en cinq actes brefs, Bérénice déploie une langue solaire où se trame le douloureux travail de l'ineffable.
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Avant l'aube, dans le camp grec. C'était, la veille, le jour du grand départ pour Troie, et pourtant les bateaux sont à quai, et les héros piétinent. Une brusque absence de vent les cloue à la rive. Les Dieux sont en colère:ils ne laisseront les Grecs cingler vers Ilion que si leur roi sacrifie sa fille Iphigénie.En tant que souverain, Agamemnon a le devoir de la livrer au devin Calchas. En tant que père, il ne peut s'y résoudre. Autour de ce roi déchiré par son indécision, une fille courageuse et loyale, un fiancé fidèle et colérique, une mère révoltée, tous emportés dans la tourmente.Créée par Racine à l'apogée de sa carrière, en 1674, Iphigénie est l'un de ses plus grands succès. Tout entière resserrée sur le drame intérieur des personnages, elle illustre l'essence du classicisme racinien:une puissance du verbe qui ne cède rien au pouvoir de l'émotion.
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« Plus il est malheureux, plus il est redoutable. » Après avoir feint sa mort pour échapper à ses ennemis, Mithridate est de retour dans son royaume et sème la terreur parmi ses sujets. Car en son absence, les langues se sont déliées : Pharnace, son fils aîné, a fait alliance avec les Romains, ennemis jurés de son père ; quant à Xipharès, le cadet, il a avoué son amour à Monime, pourtant promise à Mithridate... et cet amour est partagé. Face à ces non-dits, la colère et la jalousie conduiront-elles cet admirable chef de guerre à devenir un tyran ? Tensions politiques et amoureuses se mêlent dans Mithridate (1672), opposant le despote légendaire à sa propre famille. Tour à tour bourreau et victime, il incarne le héros racinien par excellence : passionné et profondément ambivalent. DOSSIER - De l'Histoire à la tragédie : le travail des sources - Mithridate à la scène, avant et après Racine - La jalousie, passion tragique - Mithridate, une tragédie ?
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Quoiqu'il aime Bérénice, Titus renonce à l'épouser parce que Rome interdit cette union de l'empereur et d'une reine étrangère. Mais lorsqu'il la confie à Antiochus, roi de Comagène, également amoureux d'elle, Bérénice refuse violemment de partir avec lui et, éperdue, implore Titus qui l'aime plus que jamais. Le sujet de la pièce, créée à l'Hôtel de Bourgogne en 1670, n'est ainsi que la souffrance d'une séparation amoureuse puisque l'action consiste pour Titus à se faire comprendre, et pour Bérénice à refuser de comprendre. Comme nous le dit la préface de Racine, « la tristesse majestueuse » fait ainsi « tout le plaisir de la tragédie ». Et le tragique de Bérénice, en effet, c'est que son dénouement condamne les trois héros un moment tentés par la mort à une solitude plus douloureuse que la mort même : tragique tout élégiaque d'une passion pure et d'une mélancolie dominée.
Edition de Georges Forestier -
En commandant cette pièce pour les jeunes filles de Saint-Cyr, Mme de Maintenon a offert à Racine l'occasion d'inventer ce qui a pu lui apparaître comme la forme idéale de tragédie, qui ferait alterner harmonieusement le dramatique et le lyrique, les émotions propres au tragique et l'émotion due aux cantiques, le déclamé et le chanté, l'alexandrin régulier et le vers mêlé, bref une forme supérieure d'émotion théâtrale, le tout au service de la plus grande gloire de Dieu. On comprend ainsi pourquoi le poète a eu à coeur de transformer ce qui était à l'origine une expérience pédagogique en une expérience poétique d'un genre inconnu. On sait que la pièce raconte comment Esther, épouse d'Assuérus, obtient de son époux la grâce de son peuple et de son oncle Mardochée, malgré les complots du redoutable ministre Aman.
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Athalie est la tragédie de Racine qui montre la plus sûre technique dramatique ; toutes les lois du théâtre y sont appliquées. Athalie règne depuis huit ans ; il faudra qu'en une journée, Joas, caché dans le temple, inconnu de tous, soit couronné, et Athalie condamnée à mort. Celle-ci, avertie par un songe, veut se faire livrer l'enfant. Le grand prêtre attire la reine dans un piège, le peuple se rallie à Joas, mais l'action ne connaît aucun temps mort.Cependant, c'est une pièce religieuse : la mythologie y prend la forme de l'Histoire Sainte, la fatalité devient providence divine. «Impitoyable Dieu, toi seul as tout conduit», s'écrit Athalie. Ce n'est plus le destin aveugle de la tragédie grecque, livrée aux caprices des divinités de l'Olympe, mais l'Histoire qui se déroule selon une fin. Dieu est le principal personnage de la tragédie. Le style en reçoit une grandeur nouvelle, le vers est modelé par la parole biblique. Les personnages simplifiés ont une beauté sculpturale, dans un décor grandiose, celui du Temple de Jérusalem, le sanctuaire par excellence.C'est l'aboutissement de tout le théâtre de Racine, et sa dernière pièce.
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Oeuvres complètes Tome 1 ; théâtre, poésie
Jean Racine
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 3 Mars 1999
- 9782070115617
Republier les éditions originales de Racine, c'est l'immerger dans son contexte littéraire immédiat ; aussi chacune des tragédies est-elle suivie des textes critiques qu'elle a pu susciter à sa création : la célèbre Dissertation sur le Grand Alexandre rédigée par Saint-Évremond, La Folle Querelle ou la Critique d'Andromaque, comédie de Subligny montée par Molière sur son théâtre, l'Entretien sur les tragédies de ce temps de De Villiers, etc. Les préfaces des différentes éditions des pièces sont également reproduites. Ces textes aident à comprendre le déroulement de la création racinienne, à évaluer les enjeux des oeuvres et l'accueil qu'elles ont reçu, à mesurer les résistances que Racine, malgré ses triomphes et ses appuis, n'a cessé d'affronter, ainsi que la manière dont il a, selon les cas, tenu compte, ou non, de ces critiques.
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Alors qu'Amurat, le sultan de l'Empire ottoman, livre au loin la guerre aux Persans, sa favorite, Roxane, a toute autorité sur le sérail. Secrètement éprise de Bajazet, frère du Sultan, elle lui offre de le porter au pouvoir à la condition qu'il l'épouse, faute de quoi il périra. Et Bajazet n'a d'autre issue que de trahir Atalide, qu'il aime, ou d'aller à la mort.
Lorsque, en 1672, Racine fait jouer Bajazet sur la scène de l'Hôtel de Bourgogne où la pièce rencontre un succès immédiat, sa nouveauté tient sans doute à son sujet turc - et le sérail est un admirable lieu d'affrontement de l'amour et du pouvoir -, à une intrigue savamment complexe comme à son dénouement sanglant.
Mais Racine transforme surtout la nature de la tragédie classique. Ses héros n'échappent ici ni aux compromissions ni à la culpabilité, et s'ils meurent amoureux, ils ne meurent plus d'amour, mais à cause de l'amour.
Edition présentée et annotée par Georges Forestier. -
Magistrats, avocats, plaideurs, avoués, greffiers, voilà tout un monde étrange, à la fois séparé de la société, notamment par son jargon, mais aussi étroitement attaché à elle par mille liens variés, un microcosme où se rencontrent les passions les plus généreuses comme les mesquineries les plus sordides, un Royaume qui possède ses Palais, ses dignitaires, ses lois et ses usages, qui attire les honnêtes gens comme les crapules, les personnes de bon sens comme les plus forcenés des maniaques.
Rien d'étonnant à ce que ce monde-là ait toujours fasciné les écrivains, d'Aristophane à Courteline en passant par l'auteur de Maître Pathelin, Rabelais et Racine lui-même qui n'hésita pas à délaisser provisoirement ses chères tragédies pour nous divertir avec ces Plaideurs que nous vous présentons aujourd'hui.
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Les six pièces de Racine que contient ce volume forment le premier versant de l'oeuvre, celui de la prodigieuse et presque immédiate ascension d'un écrivain vers la perfection de son art. Racine a vingt-cinq ans lorsqu'il fait représenter La Thébaïde par la troupe de Molière. L'auteur de Britannicus et de Bérénice est un homme de trente ans qui a su trouver dans la simplicité du drame et la pureté mélodieuse de la langue le moyen d'exprimer la vérité de l'émotion tragique, la douleur ou la cruauté de la passion : dès Andromaque, «tout est dans l'âme», «rien que dans l'âme», et dans le chant.
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« Le lecteur me permettra de lui demander un peu plus d'indulgence pour cette pièce, que pour les autres qui la suivent. J'étais fort jeune quand je la fis. » Autrement dit, comment Racine avait-il pu ne pas faire du Racine ? Car La Thébaïde repose sur un conflit dont le moteur n'est pas la passion amoureuse mais la rage suicidaire de tous les personnages. Racine puise chez Euripide la sanglante histoire d'Étéocle et de Polynice, les deux fils d'oedipe. Un tel sujet l'entraînait vers une esthétique de la fureur au moment où triomphaient les grâces de l'amour galant. Pari tenu : Molière fit créer la pièce par sa troupe. Trois siècles plus tard, on est encore stupéfait de voir comment la tragédie classique savait styliser la violence des passions qui habitent les hommes.
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Une nouvelle édition de Racine, qui ne veut pas sacrifier à la mode, mais présenter un Racine vrai. On disserte trop sur Racine. Une cure d'amaigrissement, qui le ramène aux seules (et trop rares) données positives que l'on connaisse sur lui, reste le seul moyen de relancer la recherche sur des bases moins incertaines que le structuralisme, la sociologie ou la psychanalyse. L'art racinien séduit pas sa discrétion. Il faut, pour le présenter, commencer par se mettre au diapason.
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«La tragédie racinienne est l'une des tentatives les plus intelligentes que l'on ait jamais faites pour donner à l'échec une profondeur esthétique : elle est vraiment l'art de l'échec, la construction admirablement retorse d'un spectacle de l'impossible. En cela elle semble combattre le mythe, puisque le mythe part de contradictions et tend progressivement à leur médiation : la tragédie, au contraire, immobilise les contradictions, refuse la médiation, tient le conflit ouvert ; et il est vrai que chaque fois que Racine s'empare d'un mythe pour le convertir en tragédie, c'est toujours en un sens pour le récuser, le paralyser, en faire une fable définitivement close.» Roland Barthes, Sur Racine.
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«Les romantiques s'offusquent de ce théâtre sans images. Préférer le récit à l'exhibition scénique des grands meurtres et des grands prodiges, ils croient que c'est fuir la difficulté : c'est la chercher, au contraire, puisque c'est refuser l'aide du physique et du sensible, du metteur en scène et du machiniste, des lumières, des couleurs, de l'agitation, de l'acteur et du spectateur même. L'auteur assume tout le fardeau du drame.» Thierry Maulnier, Racine.
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La Thébaïde ou les Frères ennemis Alexandre le Grand Andromaque / Les Plaideurs / Britannicus Bérénice / Mithridate Iphigénie / Phèdre / Esther Athalie
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Abrégé de l'histoire de Port Royal
Jean Racine
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 21 Avril 2015
- 9782743631697
De 1677, l'année de Phèdre et de son renoncement au théâtre, à sa mort en 1699, Racine fut l'historiographe de Louis XIV. Pour connaître Racine prosateur, il ne nous reste que l'Abrégé de l'histoire de Port-Royal, texte clandestin, longtemps jugé trop dangereux, que Racine et ses proches gardèrent secret. Ce texte a été composé quelques années avant la mort de l'auteur pour défendre la cause port-royaliste, notamment face aux Jésuites. Dans ce plaidoyer bref, intense, nourri de faits puisés aux meilleures sources, les armes de l'histoire sont retournées contre la politique du Roi Soleil. Parce que l'historien a vécu ce dont il parle et a été, enfant, le témoin oculaire des persécutions, il y reprend ce qui avait été le thème constant de son théâtre : l'innocence persécutée. Il écrit, en prose, la tragédie de Port-Royal.
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Cantiques spirituels et autres poèmes
Jean Racine
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 1 Mars 2000
- 9782070409723
Les Cantiques spirituels datent de 1694. On y a vu «le chant du cygne» d'un homme qui, au soir de sa vie, découvre les vanités du monde en prenant conscience de l'harassante duplicité de sa propre destinée. Comme le souligne Jean-Pierre Lemaire dans sa préface : «La sagesse biblique et l'expérience personnelle parlent ici d'une même voix, avec une transparente autorité. On devine dans cette évidence de la langue, dans cette respiration affranchie au sein d'un mètre généralement court, les illusions et les intérêts qui furent dépassés au cours d'une longue carrière. La charité y est opposée aux autres mérites, le bonheur des justes au vertige de l'ambition, le charme vainqueur du monde aux vaines occupations des gens du siècle, comme ce qui demeure à ce qui disparaît. Le poète cependant ne triomphe jamais. Les Cantiques finissent plutôt sur le mode mineur. Seule la grâce pourra mettre fin à la guerre cruelle des deux hommes que Racine trouve en lui : le fidèle et le rebelle. Le poète a su donner à sa plainte un tel accent de conviction que Louis XIV, quand il l'entendit chanter, aurait confié à Mme de Maintenon : "Madame, voilà deux hommes que je connais bien".»
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Présenté par philippe Sellier, éminent spécialiste de Pascal et du Jansénisme, Racine est là, dans un simple appareil de la beauté que l'on vient d'arracher aux gloses scolastiques. La simplicité mélodieuse de son vers, si cruel à force de pureté, est d'une immédiate évidence
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Présenté par philippe Sellier, éminent spécialiste de Pascal et du Jansénisme, Racine est là, dans un simple appareil de la beauté que l'on vient d'arracher aux gloses scolastiques. La simplicité mélodieuse de son vers, si cruel à force de pureté, est d'une immédiate évidence
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