Les engagements des travailleurs sociaux sont cependant mis à mal par la restriction des moyens dont ils disposent. Comment expliquer la pérennité des vocations et la persistance des investissements ? Comment font-ils pour tenir ? Tel est l'objet de ce livre, fruit d'une enquête ethnographique de longue durée.
Les anciens faubourgs populaires sont à la mode. Peuplement, boutiques, prix des logements, réputation : tout change dans ces quartiers autrefois ouvriers des grandes villes françaises. Au-delà - ou en-deçà - des politiques urbaines et des pressions du marché immobilier, ce sont des habitants qui, au jour le jour et à leur échelle, transforment en sourdine ces lieux par leur présence, leurs manières d'habiter et de cohabiter, les travaux qu'ils réalisent ou les discours qu'ils tiennent sur leur lieu de vie. Ce livre, qui étudie notamment les cas de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, et de la Croix-Rousse, à Lyon, leur est consacré et il entend montrer les ressorts sociaux à l'oeuvre derrière ces mutations urbaines.
Contraints financièrement de quitter les espaces appropriés par leurs aînés, les membres des classes moyennes déclassés (ceux que la presse nomme indistinctement les « bobos ») parviennent à rétablir leur trajectoire au prix d'un important travail sur l'espace. En transformant d'anciens logements ouvriers et des quartiers à l'image dévalorisée en lieux désirables, en s'engageant dans la vie sociale locale, les gentrifieurs travaillent au reclassement de ces lieux, mais aussi à la consolidation de leur propre trajectoire sociale - à « rester bourgeois ».
Disputer des usines désaffectées à des marchands de biens ou à des entrepreneurs chinois, transformer un pavillon de banlieue en « vieille maison pleine de charme », se constituer un groupe d'amis-voisins ou aménager la mixité sociale à l'école, cela demande des ressources abondantes et variées ; mais cela procure aussi des bénéfices symboliques et économiques appréciables lorsque le statut social n'est plus garanti. À la faveur de ce travail sur l'espace se réactualisent les frontières et l'identité d'un groupe social aux formidables capacités d'adaptation.
24 mars 2005 : l'apprentissage de La Marseillaise redevient obligatoire à l'école.
Deux ans auparavant était créé un " délit d'outrage au drapeau tricolore ou à l'hymne national ". Pourquoi cette soudaine crispation autour des symboles de la nation ? A cause de l'émotion suscitée par les incidents qui ont émaillé, en 2001, le match de football France-Algérie au Stade de France, au cours duquel La Marseillaise a été conspuée par des jeunes d'origine algérienne. L'affaire a fait grand bruit.
Ces incidents ont été interprétés par les hommes politiques, de droite comme de gauche, et par les médias comme le signe indubitable de la crise du pacte républicain et des difficultés, voire de l'échec, du processus d'intégration. Qu'en est-il réellement ? Que représente donc l'appartenance nationale pour les jeunes issus de l'immigration ? On ne connaît guère le point de vue des intéressés. C'est la raison pour laquelle Evelyne Ribert a mené pendant plus d'un an une enquête de terrain en Ile-de-France.
Le livre qui en est issu, émaillé de récits d'observations et de paroles d'adolescents, donne à voir concrètement comment le choix d'une nationalité est vécu. On découvre que le lien que ces jeunes entretiennent avec la France ou avec le pays d'origine de leurs parents repose souvent sur autre chose que l'appartenance nationale, mais aussi que les attachements qui se tissent avec l'un et l'autre pays n'engendrent aucun écartèlement identitaire.
Signe d'un changement d'époque ? II semble en effet que le sentiment d'appartenance nationale s'affaiblisse au sein de la jeunesse, en France mais aussi dans les autres pays européens. L'idée que la nation soit au centre des représentations collectives se trouve ainsi sérieusement remise en cause.
Les émeutes urbaines de l'automne 2005 ont projeté sur le devant de la scène publique une procédure judiciaire jusqu'alors assez peu connue : les comparutions immédiates. anciennement " flagrants délits ". On y juge tous les délits estimés " simples " ou peu importants par la justice, des outrages à policier aux violences conjugales, en passant par les vols et les conduites en état d'ébriété. Les audiences, où des peines d'emprisonnement ferme sont décidées en quelques dizaines de minutes par des magistrats pressés, ont frappé les différents observateurs par leur caractère expéditif et brutal. Cet ouvrage s'intéresse à la partie des comparutions immédiates restée dans l'ombre : la procédure qui précède les audiences et qui détermine largement le déroulement du procès. L'enquête ethnographique menée par l'auteure aux tribunaux de Créteil et de Paris suit les étapes de la construction du dossier pénal par les substituts, les avocats commis d'office et les juges. aux cours des vingt-quatre heures comprises entre l'arrestation du prévenu par les forces de police et le rendu du jugement. L'étude des magistrats et des avocats met en lumière à la fois d'autres enjeux et d'autres contraintes que ceux des audiences. Face à des conditions d'urgence et de pénurie dont ils critiquent souvent les conséquences. ces professionnels de la justice mobilisent en effet des ressources multiples, à la fois judiciaires et sociales. afin de juger correctement des dossiers " qui tiennent " et par là mérite essayer de rendre une justice conforme à leurs exigences.