C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires.Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins : que nous est-il arrivé ?Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient : l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
Comment des jeunes femmes en majorité juives et slovaques survécurent à Auschwitz en y travaillant dans l'atelier de haute couture créé à l'été 1943 par Edwig Höss, l'épouse du commandant du camp, pour ses propres besoins et ceux d'autres femmes de SS (y compris dans l'élite berlinoise). Un témoignage d'autant plus saisissant qu'il mêle l'enfer concentrationnaire à l'existence dorée des geôliers, sous la plume d'une historienne de la mode. Et une enquête sur la façon dont l'aryanisation économique déstabilisa le secteur textile, pas seulement en Allemagne, et dont la récupération des affaires de déportés devint une véritable industrie de reconditionnement, au point qu'une vingtaine de trains remplis d'effets personnels repartaient quotidiennement d'Auschwitz.
Si Éric Zemmour veut récrire l'histoire de Vichy et de la persécution des juifs, c'est qu'il cherche à rendre légitimes des politiques disqualifiées depuis les crimes de la collaboration : mettre à bas l'État de droit, stigmatiser des minorités, expulser un million d'étrangers...Se fondant sur des sources inédites, exhumant des controverses oubliées, Laurent Joly démontre que le polémiste n'hésite pas à manipuler et à falsifier les faits historiques afin d'unir les droites sous l'étendard de la haine de l'étranger.Par cet essai puissant et engagé, l'auteur met un point d'honneur à rétablir la vérité historique à l'ère de la malhonnêteté intellectuelle triomphante.
Simone et ses soeurs, c'est le secret de Simone Veil. Elles étaient trois : Milou, Denise et Simone, la dernière.
Dans ce livre, elles racontent leur histoire à travers leurs lettres, leurs journaux intimes, leurs souvenirs - autant de documents inédits retrouvés dans les archives familiales.
Elles ont dix ans, elles ont quinze ans... Elles s'écrivent tout ce qu'elles vivent : les bains de mer, les premiers flirts et l'amour, l'arrière-pays nic¸ois, les années chez les éclaireuses.
Et puis la vie bascule : l'Occupation, la traque des Juifs, l'engagement dans la Résistance de Denise jusqu'au camp de concentration de Ravensbrück, la déportation à Auschwitz de Milou et Simone, leur famille décimée. Et la vie après. Au retour des camps, les trois soeurs doivent réapprendre à vivre et aimer. Elles ne cesseront jamais de se parler et de s'écrire.
Ce livre choral, composé avec les récits inédits dessoeurs Jacob, nous raconte l'extraordinaire amour et le courage de trois femmes au destin exemplaire.
La première grande étude sur les oeuvres d'art volées par les nazis en Belgique. Pendant huit ans, le journaliste Geert Sels a fébrilement mené l'enquête sur le gigantesque pillage artistique orchestré par le Troisième Reich. Un travail d'investigation exceptionnel et une plume incisive mettent à nu une vérité troublante. Vaste couverture médiatique attendue : après la publication de ce livre, la Belgique devra enfin s'atteler à une politique de restitution.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich se livra à un pillage artistique sans précédent en Europe. Ce livre apporte un éclairage inédit sur les spoliations commises en Belgique. Les nazis emportèrent des tableaux de Memling, Brueghel et Jordaens, spolièrent des particuliers et dépensèrent des millions de reichsmarks pour acquérir des oeuvres d'art. Pendant huit années d'investigation, Geert Sels a méticuleusement reconstitué le puzzle à l'aide des pièces trouvées dans des archives à Paris, La Haye, Coblence et un peu partout en Belgique. Des collectionneurs, marchands et maisons de vente aux enchères sans scrupule aidèrent les nazis à mettre la main sur d'innombrables oeuvres d'art. Ce livre dévoile les filières utilisées pour faire sortir toutes ces oeuvres du pays. Des tableaux échouèrent plus tard au Louvre, au Tate Moderne, au Getty Museum ou à la Yale Art Gallery. Même la Russie détient encore des oeuvres d'art qui auraient dû retourner en Belgique après la guerre. D'autres oeuvres sont bel et bien revenues, mais se trouvent aujourd'hui dans des musées, sans que l'on ait pris la peine de chercher leurs propriétaires légitimes.
Soixante ans après les accords d'Évian paraît le premier dictionnaire consacré à la guerre d'Algérie, rédigé par les meilleurs spécialistes de la période, algériens et français.
"Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, les enjeux mémoriels liés à l'histoire de ce conflit ont alimenté autant de débats que de controverses. La recherche historique n'a cessé de progresser durant cette période. Mais il manquait un ouvrage d'une ampleur suffisante pour permettre, dans un contexte resté passionnel, de traiter du sujet sous tous ses angles, en puisant dans une bibliographie désormais abondante et en se fondant sur les acquis de la recherche, avec le souci d'objectivité et d'exigence intellectuelle qui seul peut aider à faire progresser la connaissance.
Cet ouvrage, le voici. Le fruit d'un long travail qui réussit à embrasser sans tabou l'ensemble des thèmes et des données à la fois militaires, politiques, sociologiques et intellectuels liés au dernier épisode de la période coloniale. L'un des mérites de ses maîtres d'oeuvre, Sylvie Thénault, Ouanassa Siari Tengour et Tramor Quemeneur, est d'avoir su regrouper autour d'eux des historiens et chercheurs de provenances multiples, de convictions diverses et parfois opposées. Là où les mythes l'emportent encore trop souvent sur la vérité des faits, cette pluralité des approches était non seulement nécessaire mais indispensable au crédit d'une telle entreprise.
Événement éditorial, ce Dictionnaire, par son ambition et sa richesse exceptionnelles, répondra aux légitimes attentes de tous ceux qui, sur les deux rives de la Méditerranée, n'aspirent qu'à mieux comprendre l'histoire complexe de cette guerre." Jean-Luc Barré.
En juin 1940, la France signe la convention instaurant le régime de Vichy. Son article 19 prévoit que «le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants allemands désignés par le gouvernement du Reich».Varian Fry, jeune journaliste américain, est mandaté par le Centre américain de secours pour offrir des visas à 200 Français - artistes, intellectuels ou dissidents - menacés par les nazis. Arrivé à Marseille en août 1940, il pense rester trois semaines. Il y séjournera finalement treize mois, avant que la police de Vichy ne l'expulse, et sauvera plus de 2 000 personnes, dont André Breton, Max Ernst, Marcel Duchamp, Peggy Guggenheim, Stéphane Hessel ou Marc Chagall.Cette action, qui relève de ce qu'on a appelé «la résistance avant la Résistance», illustre la solidarité internationale et l'héroïsme de l'individu ordinaire face à la déraison d'État.
« La rafle du Vel d'Hiv, qui fit près de 13 000 victimes, dont 4 000 enfants, les 16 et 17 juillet 1942, est l'un des épisodes les plus terribles de la collaboration de Vichy avec l'occupant nazi. En 1967, à l'occasion de la sortie du livre de Claude Lévy et Paul Tillard, La Grande Rafle du Vel d'Hiv, Cabu, jeune dessinateur de presse, met tout son talent pour illustrer cette tragédie. Ces dessins restituent de manière poignante cette page sombre de notre histoire. Cabu est mort le 7 janvier 2015 sous les balles de l'islamisme, dans les locaux de Charlie Hebdo à Paris. Il a dessiné le pire du XXe siècle et a été lui-même la victime du pire du XXIe siècle. Ce destin confère à ses dessins une charge émotionnelle particulière, et pour tout dire vertigineuse. »
À l'âge de 100 ans, Edgar Morin fait une dernière requête à son biographe : qu'il enquête sur le réseau de résistance Charette, auquel il appartint ains que Mitterrand, Jankélévitch, Clara Malraux et bien d'autres. Un réseau totalement oublié, et pourtant décisif dans l'histoire de la résistance, et follement romanesque.
1941. Camp de Fallingbostel. Baraque 8. Une poignée d'irréductibles du Stalag XI-B refusent la défaite et montent leur réseau. Des premières filières d'évasion à l'unification de la Résistance, et jusqu'à la victoire finale, Emmanuel Lemieux mène l'enquête et raconte l'épopée du Réseau Charette.
Quels étaient les visages de l'Armée des ombres ? Quels noms résonnent dans son silence ? Qui étaient Philippe Dechartre, André Ulmann, Charles Bonnet, Pierre Le Moign' ? Quel fut le rôle de Michel Cailliau, neveu du général de Gaulle, alias " Charette " ? Et comment a-t-il affronté François Mitterrand, dit " Morland " ? Derrière les barbelés, ces hommes inventent une organisation hors-norme. Gaullo-communiste, francoallemand, éparpillé et uni, leur réseau rassemblera les prisonniers de guerre et recrutera au-delà.
Emmanuel Lemieux part sur ses traces et dévoile les ultimes secrets de la Résistance. Avec lui, on rencontre Marguerite Duras, Marie-Agnès de Gaulle, Clara Malraux, Vladimir Jankélévitch et un certain Edgar Nahoum. Dans ces pages qu'il authentifie, ce dernier témoin retrouve l'histoire de ses amis : " J'ai pu, grâce à tous, devenir Edgar Morin. " Cette fresque immense se déroule de Londres à Alger, dans le vrombissement des Lysanders et le secret des prisons. Et l'on part à la recherche de splendides fantômes dans une nuit profonde.
Une aventure tragique et grandiose. Une enquête romanesque.
Un grand livre d'histoire.
« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n'avaient ni argent ni vêtements à m'offrir, c'est une voisine qui m'a secourue avec une robe et des sous-vêtements.
Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation.
Il n'y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n'avaient pas pu emporter.
Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée.
J'y voyais un symbole.
Nous n'avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. » Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l'impact de cette épreuve dans sa vie.
Récit recueilli par David Teboul.
Le 5 mars 1953 meurt Joseph Staline. La fin d'un monde ?
Joseph Staline s'éteint en mars 1953 au terme d'une agonie interminable digne d'une tragédie shakespearienne. Le Vojd a tellement dominé la vie du pays que sa mort soulève une immense vague de chagrin et désoriente beaucoup de monde. Le Kremlin est alors hanté de sourdes craintes d'une nouvelle purge contre des membres de son présidium. Les tensions avec l'Ouest sont de plus en plus alarmantes : après trois années de combats, la guerre de Corée se poursuit sans répit, tandis que les armées américaines et soviétiques se font face dans une Allemagne divisée. À cette même période, au mois de janvier, une nouvelle administration américaine, conduite par le président Dwight D. Eisenhower et le secrétaire d'État John Foster Dulles, prend ses fonctions avec l'intention de " refouler " le communisme, pour se retrouver en fait aussitôt confrontée aux héritiers de Staline et à une série de réformes inattendues.
Ce livre s'ouvre sur le récit de ses dernières heures - avec la description des scènes dantesques de ses funérailles, en présence des partis frères - et remonte dans le temps jusqu'au 19e Congrès du Parti, en octobre 1952, quand le " Petit Père des peuples " prononce son dernier discours en public. Puis il aborde l'hiver 1952-1953, qui voit éclater l'affaire des médecins et se déployer une vaste campagne contre les Juifs d'URSS. Ensuite, il explore la manière dont la presse soviétique et américaine couvre sa disparition et les réactions de la nouvelle administration Eisenhower aux changements dramatiques que traverse Moscou. Car la mort de Staline ouvre une lutte finale pour le pouvoir, qui se conclut sur l'arrestation de celui qui fut longtemps le chef de la sécurité du dictateur, Lavrenti Beria, en juin 1953, point final de ce grand livre.
Joshua Rubenstein mêle avec rigueur et d'une plume alerte l'analyse géopolitique, le récit dramatique des événements, la chronique des individus et le sens du contrechamp, afin d'éclairer cet événement capital qui a changé l'histoire du monde.
Dès les années 1950, les premiers travaux scientifiques sur la persécution des Juifs sous l'Occupation, fondés sur les archives de l'État, ont réduit à néant les justifications des dirigeants de Vichy à la Libération : le « moindre mal », « sacrifier » les Juifs étrangers pour « sauver » les Juifs français, etc.
Depuis, l'historiographie, qui a abouti dans les années 1970-1980 aux travaux majeurs de Robert Paxton ou de Serge Klarsfeld, n'a cessé de se développer, au point qu'il est sans doute impossible de dresser la liste exhaustive des milliers de titres parus.
D'où la nécessité d'une présentation des acquis les plus récents de la recherche, française et internationale, sur la Shoah en France. Telle est l'ambition du présent ouvrage, à l'échelle des acteurs, dirigeants comme simples citoyens, qui permet de comprendre le bilan de la « solution finale » en France : 74 150 déportés ; plus de 200 000 non-déportés.
Malgré la volonté génocidaire de l'occupant et la politique des dirigeants de Vichy visant à mobiliser toute la puissance de l'État contre les Juifs apatrides et leurs enfants, les obstacles dans l'administration et la société étaient suffisamment nombreux pour que, dès les grandes rafles de l'été 1942, en dépit des dizaines de milliers d'arrestations, la majorité des victimes parviennent à s'en sortir.
Une mise au point salutaire alors que le savoir scientifique sur les crimes du XXe siècle est régulièrement attaqué à des fins nationalistes.
Si je me suis attelé à ce vaste projet - une histoire intime de la V? République en trois époques -, c'était pour essayer de comprendre comment notre cher et vieux pays a pu, en quelques décennies, s'affaisser à ce point, dans un mélange de déni, masochisme et contentement de soi, sur fond de crise existentielle.La décadence n'est jamais écrite. Quand le général de Gaulle a pris le pouvoir en 1958, la France était quasiment par terre, à cause, entre autres, de la guerre d'Algérie et de l'effondrement des «élites». Prophétique, machiavélique et prosaïque, il l'a remise debout en à peine un an, sans négliger les plus infimes détails, ni lésiner sur les roueries et les mensonges. Le personnage que je dépeins est bien plus complexe que celui de la légende.Pourquoi une histoire «intime» ? Parce que l'histoire est toujours écrite par ceux qui l'ont faite ou vécue, et que j'ai voulu ajouter, en m'appuyant sur mes notes de l'époque, mon regard d'alors en le confrontant à celui d'aujourd'hui, dans un va-et-vient permanent. «Intime» encore parce que ce retour sur un passé récent entend inclure aussi le regard que portaient naguère les contemporains sur l'odyssée gaulliste qu'ils étaient en train de vivre : je cherche à décrire un monde et une manière d'être français dont le souvenir commence à s'éteindre.Dans ce premier tome, c'est le stupéfiant redressement du pays par le Général que je raconte, jusqu'à la chute du grand homme, après onze ans de pouvoir. Puisse ce récit personnel permettre de tirer, pour aujourd'hui, les leçons d'une résurrection française qui, sur le moment, semblait impossible.F.-O. G.
La révoluion Russe de février 1917, puis le coup d'État d'octobre et la guerre civile qui s'ensuivit furent des événements parmi les plus déterminants de l'Histoire contemporaine. Ils ne furent même pas à proprement parler russes, car ils mirent aux prises de multiples parties prenantes, chacune ayant une cause par culière à défendre - nationale, ethnique ou de classe.
En 1917, quand la Russie impériale, archaïque et vermoulue, sapée aussi par sa gestion calamiteuse de la guerre, se désagrège, Lénine et ses bolcheviks s'emparent du pouvoir par la ruse, la terreur, et par un sens de l'organisation hors du commun. Pendant trois ans, la Russie va connaître une guerre civile d'une férocité inimaginable. Dès 1918, Lénine décrète la Terreur rouge : tout aristocrate, tout bourgeois doit être sommairement exécuté en tant qu'ennemi de classe. De leur côté les Blancs sont minés par les désaccords politiques et desservis par les exactions commises par leurs cosaques.La propagande du camp victorieux a tout fait pour déformer et reconstruire ce conflit sous la forme d'une geste héroïque. Il est restitué ici pour ce qu'il fut, à savoir sans aucun doute, avec ses six à dix millions de morts, l'un des plus barbares de l'ère moderne. L'exploitation d'innombrables archives inédites a permis à Antony Beevor de nous raconter et de nous expliquer, comme jamais auparavant, ce cercle vicieux de la terreur qui a exacerbé les tensions politiques dans le monde entier et abouti à la Guerre d'Espagne et à la Seconde Guerre mondiale.
Le 30 avril 1945, Hitler se suicide ; le 8 mai 1945, les Alliés obtiennent la capitulations sans condition des armées du IIIe Reich. Entre ces deux dates, huit jours s'écoulent pendant lesquels la guerre n'est pas encore finie. Alors que le gouvernement Donitz se déplace à Flensburg, Berlin capitule, comme les troupes de la Wehrmacht en Italie. En Allemagne se déclenche une hallucinante épidémie de suicides tandis que les femmes sont massivement victime de viols. Les dernières marches de la mort, les expulsions sauvages, les hiérarques nazis qui se cachent ou fuient, les camps de concentration libérés, cette semaine de mai dit à la fois ce que fut le IIIe Reich et dessinent déjà l'après-guerre. Car si tout semble s'arrêter dans la plupart des récits sur la seconde guerre mondiale, tout est en mouvement. Jour après jour, Volker Ullrich décrit ce "temps hors du temps" et plonge le lecteur dans un monde qui s'effondre littéralement, dans un tourbillon de violence et de peur.
«Ces pages seront-elles jamais publiées? Je ne sais. Je me suis cependant décidé à les écrire. L'effort sera rude:combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement! Mais un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive être tout à fait inutile. Un jour viendra, tôt ou tard, j'en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s'épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. Alors les dossiers cachés s'ouvriront; les brumes, qu'autour du plus atroce effondrement de notre histoire commencent, dès maintenant, à accumuler tantôt l'ignorance et tantôt la mauvaise foi, se lèveront peu à peu; et peut-être les chercheurs occupés à les percer trouveront-ils quelque profit à feuilleter, s'ils le savent découvrir, ce procès-verbal de l'an 1940.»Marc Bloch
Après la Seconde Guerre mondiale, la France retrouve une croissance exceptionnelle bien qu'inégalement partagée. La figure du général de Gaulle, le sauveur de 1940, incarnant à partir de 1958 la grandeur de la nation, l'indépendance nationale et la modernité économique, occulte le recul de la France devenue, avec la fin de son empire colonial, une puissance moyenne. En dépit de la construction européenne, la crise profonde de 1968 inaugure une grande transformation et débouche sur une crise économique et sociale, crise d'adaptation du capitalisme. Malgré les prouesses technologiques et les réussites de tous ordres, malgré l'élévation du niveau d'instruction, la société française du début du XXI? siècle voit se creuser les inégalités et s'effriter le modèle républicain et le système de protection sociale hérités de la Résistance et de la Libération.Les événements doivent se lire dans l'épaisseur de l'histoire, celle du passé en prenant en compte le point de vue des contemporains et celle du devenir de l'événement, avec, au présent, ses traces dans les mémoires, les représentations collectives et les modalités d'action.
Si Andrew Roberts est désormais bien connu du public francophone grâce au succès de son Churchill paru en traduction en 2020, il se penche de longue date sur la personnalité, la carrière et l'oeuvre du grand homme.
Ici, l'auteur enfourche l'un de ses chevaux de bataille préférés pour s'en prendre à ceux qui suggèrent qu'au fond, il n'y avait guère de différence entre Hitler et Churchill. Leur expérience des tranchées au cours de la Grande Guerre, leur patriotisme exacerbé, la fierté qu'ils tiraient du glorieux passé de leur pays et par-dessus tout leur charisme, leur art de mener les hommes, le pouvoir psychologique qu'ils exerçaient sur les foules - et ce, souvent même en dehors de leur patrie : tout cela, lit-on çà et là, les rapprochait au point de faire d'eux des frères ennemis.
Andrew Roberts montre magnifiquement le caractère fallacieux de ces points communs supposés, et d'abord sur le plan pratique, en rappelant que Churchill a toujours su déléguer le pouvoir de décision militaire à ses chefs d'état-major en se rendant à leurs arguments - certes, non sans avoir au préalable ferraillé avec eux jusqu'au bout - tout en se réservant le rôle de représentant indiscuté du Royaume-Uni auprès de ses interlocuteurs Roosevelt et Staline. Cette délégation de pouvoir, Hitler l'a certes appliquée lors des grands triomphes de la guerre éclair, en Pologne et en France, en 1939-1940, mais il y a mis fin dès les premiers revers sur le front soviétique à la fin de 1941, pour devenir totalement incapable de faire confiance à ses généraux après l'attentat de juillet 1944. Pour l'auteur, un grand meneur d'hommes c'est un chef qui, au contraire, pratique la confiance à double sens : le commandant en chef fait confiance aux commandants sur le terrain dont il a su discerner la compétence en les nommant, et les subordonnés, aussi hauts gradés qu'ils soient, lui font confiance pour les soutenir sans réserve une fois qu'ils l'ont amené à percevoir le bien-fondé de leurs entreprises. Ce fut là, soutient Andrew Roberts dans des pages fort convaincantes, ce qui fit la force de Churchill, chef de guerre de 1940 à 1945.
Mai 1940. La France succombe, son vin aussi. Aussitôt nommés par l'administration d'occupation, les « Weinführer », délégués officiels dans les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et de Cognac s'emparent, avec la complicité de nombreux professionnels français, du « plus précieux des trésors de France », selon les mots d'Hermann Goring, qui a très tôt associé sa voracité pour les oeuvres d'art à une soif inextinguible des plus grands nectars français.
Bâti sur des sources exceptionnelles, fonds économiques et judiciaires, archives et documents privés, ce passionnant et exhaustif Vin des nazis révèle comment, au coeur des plus grands vignobles, sur les tables des grands restaurants et des palaces parisiens, la défaite française a vite été noyée dans le vin, grisant les collaborateurs sans scrupules, les brasseurs d'affaires véreux, jusqu'aux pires criminels reconvertis dans la Gestapo française, dont l'équipe Bonny-Lafont. En spoliant les vignobles français pour alimenter la mondanité nazie mais aussi pour soutenir l'effort de guerre du IIIe Reich, les occupants ont détourné des volumes colossaux, de grands crus au vin ordinaire, provoquant une pénurie inédite, un rationnement brutal et une hausse vertigineuse des prix touchant l'ensemble de la population, à une époque où le vin était un élément capital de la vie quotidienne.
De personnalités éminentes, dirigeants de prestigieuses maisons, s'insinuent dans ce cambriolage à l'échelle d'une nation : Henri Leroy, propriétaire de la Romanée-Conti en Bourgogne et producteur d'alcools de vin pour les carburants du Reich, Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery et cofondateur du groupe « Collaboration », ou Louis Eschenauer, « l'empereur des Chartrons », intime des chefs militaires allemands à Bordeaux. Le vin s'est imposé comme un puissant vecteur de la collaboration, valorisé par Pétain et l'État français. Loin d'être réservé aux élites du pouvoir hitlérien, il s'est diffusé dans la société allemande tout entière.
Une fresque captivante et dérangeante du vin au temps des heures sombres.
?Le 1er avril 1935, dans une salle bondée d'un austère bâtiment administratif de la ville de Pittsburgh, débute un étonnant procès qui fait la couverture des journaux pendant plusieurs mois. Âgé de quatre-vingts ans, Andrew W. Mellon, richissime banquier et ministre des Finances pendant toutes les années 1920, est accusé par l'administration du président Roosevelt d'avoir fraudé le fisc en détournant à son profit les lois qu'il avait lui-même contribué à instaurer. Si une résolution du contentieux aurait été possible dans la discrétion des bureaux de Washington, au lendemain de la crise de 1929 et en plein New Deal, il a été décidé d'aller au bout de la procédure et d'exposer les malversations fiscales de l'un des hommes les plus puissants du monde.
Au fil du procès, le capitalisme états-unien se déploie, révélant les conditions d'enrichissement de quelques-uns au détriment du plus grand nombre. À l'opposé des discours d'autocélébration des grands financiers et capitaines d'industrie, ceux-ci doivent leur fortune beaucoup plus à des lois qu'à leur génie ou leur flair des affaires. Ces débats, contradictoires et passionnés, fascinent la population car ils ébranlent le contrat social républicain.
À la manière d'un thriller juridico-financier, Romain Huret retrace cette histoire oubliée qui a conduit des millions d'Américains à interroger le rôle de l'État, la responsabilité sociale des élites et la perpétuation des inégalités. Sa résonance avec la situation contemporaine donne à comprendre la manière dont le capitalisme met à l'épreuve les principes mêmes de la démocratie.
Après la chute de la France, en juin 1940, l'Angleterre a bien failli faire la paix avec le IIIe Reich et accepter le partage du monde qu'Hitler lui proposait depuis son arrivée au pouvoir. Nul doute qu'alors l'issue de la guerre eût été tout autre.
En parvenant, sur le fil, à faire échouer ce plan, Churchill n'a pas seulement triomphé des anciens partisans de l'« apaisement », regroupés derrière son prédécesseur Neville Chamberlain, l'homme des accords de Munich. Les forces qu'il a vaincues in extremis s'activaient depuis deux décennies, tantôt dans l'ombre, tantôt au grand jour, pour répudier l'ancienne « Entente cordiale » entre Londres et Paris au profit d'un accord géopolitique global avec l'Allemagne : à cette dernière, la direction politique du continent, assortie d'une intégration économique et financière poussée avec le monde anglo-saxon ; à l'Empire britannique, un leadership écrasant sur le commerce mondial.
Ce rêve n'a pas seulement été poursuivi par de nombreuses figures de l'aristocratie britannique, sans parler d'une partie de la famille régnante, fidèle à ses origines allemandes - à commencer par le roi Édouard VIII, authentiquement nazi. Largement partagé, il avait pour chef de file le gouverneur de la Banque d'Angleterre en personne, Montagu Norman, et ses adeptes se recrutaient dans tous les secteurs de l'opinion, syndicats compris.
Quant à Hitler lui-même, c'est peu dire que sa fascination pour l'Angleterre était inséparable de sa doctrine raciste. Cette dernière fut forgée au contact d'un idéologue britannique, Houston Stewart Chamberlain, considéré par les nazis comme leur second « prophète ».
Écrite d'une plume alerte et riche de nombreuses révélations, voici l'histoire inédite et prenante de ces liaisons dangereuses qui faillirent changer la face du monde et perdurèrent jusqu'à la chute du IIIe Reich.
La rafle dite du Vel d'Hiv est l'un des événements les plus tragiques survenus en France sous l'Occupation. En moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d'Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d'un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. Seule une petite centaine de ces victimes survivra à l'enfer des camps nazis.
Cette opération emblématique et monstrueuse demeure pourtant relativement méconnue. L'arrière-plan administratif et la logistique policière de la grande rafle n'ont été que peu étudiés, et jamais dans le détail. Légendes (tel le nom de code « opération Vent Printanier ») et inexactitudes (sur le nombre de personnes arrêtées ou celui des effectifs policiers) sont répétées de livre en livre. Et l'on ignore que jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l'occupant que le 16 juillet 1942 !
D'où l'ambition, dans cet ouvrage, d'une histoire à la fois incarnée et globale de la rafle du Vel d'Hiv. Une histoire incarnée, autrement dit au plus près des individus, persécutés comme persécuteurs, de leur état d'esprit, de leur vécu quotidien, de leurs marges de décision. Mais aussi une histoire globale, soucieuse de restituer la multiplicité des points de vue, des destinées, et attentive au contexte de la politique nazie et de la collaboration d'État.
Une recherche largement inédite, la plus riche et variée possible, de la consultation de centaines de témoignages à une exploitation inédite des « fichiers juifs » de la Préfecture de police de Paris. Mais la partie la plus importante de l'enquête a consisté à rechercher des « paroles » de policiers : 4 000 dossiers d'épuration des agents de la préfecture de police ont été dépouillés. Parmi eux, plus de 150 abordent la grande rafle et ses suites. Outre les justifications de policiers, ces dossiers contiennent des paroles de victimes, des témoignages (souvent accablants) de concierges, et surtout des copies de rapports d'arrestation, totalement inédits.
Fruit de plusieurs années de recherche menées par l'auteur, où les archives de la police et de l'administration auront été méticuleusement fouillées, La Rafle du Vel d'Hiv apporte une lumière nouvelle sur l'un des événements les plus terribles et les plus difficiles à appréhender de notre histoire contemporaine.
Pendant la traversée des années noires, la Résistance n'est pas une, mais multiple. L'agent de renseignement qui espionne une base sous-marine, la femme à bicyclette qui assure les liaisons, le saboteur qui fait sauter une usine, le combattant qui jette une grenade sur un convoi, le maquisard qui attaque une unité de la Wehrmacht, le radio parachuté, le cheminot qui relève les horaires des trains ont tous été résistants. Ils n'ont pas fait la même résistance. Ils ont fait l'histoire de la Résistance. Ce livre propose par un récit vivant de raconter, dans sa diversité, l'armée des ombres, fantassins et chefs mêlés, à travers les destins croisés d'une trentaine de femmes et d'hommes, célèbres ou méconnus, aux profils très différents : Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Lucie et Raymond Aubrac, Pierre Brossolette, Jeanne Bohec, Henri Frenay, Georges Guingouin, Denise Jacob, Jean Moulin, Serge Ravanel, Marcel Rayman, Henri Rol-Tanguy parmi beaucoup d'autres.
Par l'auteur et réalisateur du documentaire Résistances (Une coproduction ARTE France & Kuiv-Michel Rotman, diffusion ARTE).