Les diverses commémorations de 1968, année phare et symbolique à plus d'un titre, n'ont pas échappé à la "médiatisation du passé", une pratique en essor liée aux anniversaires cultes à la mode dans les médias.
Mais le contexte d'alors, en lien avec les modèles et réalités d'accueil et d'insertion sociale des jeunes de cette période du XXe siècle, est-il si éloigné de celui du début du XXIe? Cet ouvrage offre un regard sur la jeunesse du Baby boom et ses multiples représentations marquées par l'essor des médias de masse et leurs diverses activités de production dans les domaines du divertissement, de la culture et de l'information.
Si le contexte économique, politique et culturel des années 1960 a bousculé les dynamiques socioculturelles traditionnelles et leurs valeurs héritées du passé, il le doit, en effet et pour une large part, aux industries culturelles et à leurs supports et relais médiatiques. A l'Ouest comme à l'Est, la jeunesse a bougé pour s'affirmer par rapport à un avenir qui lui a été signifié dans un contexte communicationnel.
Malgré les événements, contestations ou révoltes de cette année-phare, ceux qui l'ont précédée ou suivie, la jeunesse a été confrontée aux phénomènes relevant de sa médiatisation de part et d'autres des frontières d'un monde bipolaire. "Post adolescents ", "jeunes" , "ados ", "adolescents" , "jeunes adultes, les termes ne manquent pas pour caractériser une phase de vie riche en stéréotypes mais de plus en plus difficile à circonscrire.
Il n'est pas aisé de définir des limites entre les âges et d'établir des seuils qui, une fois franchis, font de l'adolescent un "adulte". Dans la suite des réflexions déjà posées au cours de cette période, de part et d'autre de l'Atlantique, ou au-delà des Blocs idéologiques d'alors avec leurs propres modèles, bien des questions demeurent. Quelles "images des jeunes" les médias - radios et télévisions publiques et privées, quotidiens, magazines, journaux spécialisés mais aussi le cinéma, la littérature ou l'Internet - promeuvent-ils désormais? Les jeunes s'y retrouvent-ils? Ces représentations sont-elles le reflet d'évolutions sociales et culturelles partagées? Expriment-elles de nouvelles ruptures? Ou peut-on rencontrer des points de convergence entre différentes formes d'appréhension de la jeunesse et en tirer des conclusions universelles? Dans ce contexte évolutif, quelles représentations sociales et culturelles donne-t-on de nos jours des jeunes gens et jeunes filles? Avec quelles perspectives pour l'avenir? ln fine, ces questionnements ne mériteraient-ils pas d'être portés également sur les enfants qui, dès leur plus jeune âge, sont de plus en plus ciblés? Les médias peuvent-ils agir sans limites? L'éducation aux médias n'a-t-elle pas aussi un avenir devant soi? Les questions ne manquent pas face à un débat largement ouvert.
Le sommet mondial sur la société de l'information a eu lieu.
Sous l'égide de l'onu et en deux phases. la première à genève, du 10 au 12 décembre 2003, et la seconde à tunis, du 16 au 18 novembre 2005. la plupart des états y ont participé avec - et une première - la "société civile". si la "réduction de la fracture numérique" entre pays du nord et pays du sud en a été la motivation première, les questions posées par l'essor des technologies de l'information et de la communication (tic) n'ont pas manqué.
Gérées par les deux agences concernées de l'onu, l'union internationale des télécommunications (iut) et l'organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (unesco), ces deux manifestations ont été précédées de rencontres préparatoires dans les différentes régions du monde. malgré de sérieux débats, qui n'ont fait que croître en pertinence et en profondeur, ces réunions n'ont pas eu suffisamment d'échos dans les médias pour être relayées dans l'espace public.
On retiendra pourtant une décision majeure: la création du forum pour la gouvernance de l'internet, dont le but est de suivre, voire de pondérer, l'emprise des firmes de premier plan dont le siège est ... aux états-unis. mais le smsi a aussi mis en évidence les mutations sociales et culturelles qui découlent des tic et de leurs usages les plus divers, ainsi que leurs enjeux économiques croissants aux conséquences insuffisamment mesurables en l'état actuel.
Dès lors, au-delà d'un idéal d'accessibilité pour tous à l'échelle planétaire, les problèmes en perspectives dépassent les seules relations nord-sud. et la question de l'après se pose! le but n'est-il pas de mieux comprendre les fondements de la cité globale en construction?. à fortiori en lien avec l'expression de "société de l'information" et tout ce que l'on y reconnaît déjà ou que l'on y projette?.
Les représentants des états au smsi ont fixé une échéance pour un premier bilan. "nous demandons à l'assemblée générale des nations unies de procéder à un examen d'ensemble de la mise en oeuvre des conclusions du smsi en 2015 ". l'objet du présent ouvrage, dont le contenu fait suite à une rencontre de scientifiques et de spécialistes à strasbourg - donc de dimension bien plus modeste qu'un sommet! - est de s'engager dans cette perspective.
Quitte à revenir sur un idéal commun au regard de la diversité des réalités sociales et culturelles de notre monde
L'Union Européenne est en quête de légitimité auprès des citoyens des Etats-membres.
La construction européenne avait en effet, depuis plus de trente ans, occulté la question de l'identité européenne, désormais d'importance cruciale alors que des "fractures européennes", du "non" français de 2005 à celui des Irlandais de 2008, remettent en cause le développement d'une union politique visant justement à dépasser l'utilitarisme économique et le fonctionnalisme institutionnel qui prédominent cette alliance volontaire de 27 pays.
Ce contexte justifie pleinement la double problématique de cet ouvrage collectif, réalisé à partir d'un programme franco-slovaque et qui réunit les contributions de 22 journalistes de la presse écrite ou de l'audiovisuel, médiateur de presse, représentants des associations et fédérations de journalistes et universitaires. Les journalistes et /'Europe: le rôle des médias et des journalistes dans le processus de construction européenne est évident.
Les médias sont soumis aux contraintes du marché et tenteraient ainsi d'anticiper les attentes de leurs clientèles, négligeant alors la mise en place d'une information européenne. Comment, dans ce contexte, les citoyens sont-ils informés sur l'Europe et, surtout, quelles responsabilités ont médias et journalistes sur ces questions de légitimité et d'identité européenne? L'Europe des journalistes: y a-t-il un journalisme européen? Après des éléments historiques proposés dans la première partie de cet ouvrage, l'Europe des journalistes est esquissée à travers l'évolution des pratiques, du contexte professionnel désormais européen et des nouveaux supports d'information.
Mais il n'existe pas de véritable média européen car il n'y a pas encore d'espace public européen qui dépasserait la simple addition des pratiques nationales et s'inscrirait dans la diversité culturelle de l'Union. Toutes les contributions proposées dans ce volume, qu'elles développent des analyses, des conceptions, des pratiques ou des idéaux, installent le journalisme dans une activité citoyenne responsable confrontée à une évolution (très) rapide du modèle économique et technique des médias.
C'est bien au niveau européen qu'il devient fondamental d'organiser la profession, journalisme éthique, formation européenne, bases juridiques, nouveaux métiers. Dans ce contexte communautaire, les journalistes, acteurs des espaces publics, ont une responsabilité dans la construction européenne et la formation d'une identité européenne, qu'ils doivent désormais revendiquer car cette Europe ne pourra évidemment pas se faire sans eux.
« De nos jours, les médias généralistes, voire les médias spécialisés, jettent un regard sur le passé qui prend souvent des libertés avec les réalités historiques. Loin de la rigueur recherchée par les historiens, ils appliquent à leurs constructions narratives ou à leurs scénarisations visuelles des critères d'analyse de l'actualité qui sont évolutifs au gré de leur propre histoire. De ce fait, ils n'évitent ni l'anachronisme, ni l'amalgame, ni la confusion des situations comme des représentations collectives de l'Autre et de Soi auprès des opinions publiques peu portées à la connaissance de leur passé ».
« L'histoire est-elle compatible avec les exigences de l'immédiateté et de l'offre des événements en « temps réel »oe Est-elle compatible avec le commerce des images filmées, celui des regards des historiens d'hier et des historiens d'aujourd'hui ? Jusqu'à quel point, le sujet historique, à l'instar de n'importe quel autre choisi par les grands médias, peut-il subir la sanction du marché comme critère déterminant et... discriminant ? Et quelles en sont les conséquences ? ».
« Les événements qui ont suivi le 11 septembre 2001 ont donné une acuité à notre thème... Ils interrogent sur l'argumentation historique chaque fois utilisée autant que sur l'annonce des faits ». (Extraits de l'introduction de Michel Mathien).