Intégrale, du donné de notre expérience. Il s'agit tout simplement de s'instruire en ce qui concerne ce qui est donné dans notre expérience, dans toute notre expérience, et de s'efforcer de raisonner correctement." A l'opposé du nominalisme, Claude Tresmontant jugeait que le choix préalable de la démarche des sciences expérimentales inaugurée par Aristote peut seul nous prémunir contre ce risque de croire que nos idées sont des réalités, quand, dans les faits, elles ne sont le plus souvent que des constructions sans objet, ce qui est la mort de la philosophie.
Il s'est toujours efforcé d'analyser les problèmes de manière rationnelle en partant de la réalité donnée objectivement dans l'expérience. Et au coeur de cette expérience, celle du peuple hébreu et la langue dont elle est le compte-rendu ont, dans la genèse de sa pensée, une fonction originelle et décisive. Une oeuvre magistrale, ouverte et décisive pour l'avenir de la pensée...
L'occident est malade, " il semble se haïr lui-même...
De sa propre histoire, il ne retient désormais que ce qui est déplorable et causa des ruines, n'étant plus en mesure de percevoir ce qui est grand et beau. si elle veut survivre, l'europe a besoin de s'accepter à nouveau elle-même, non sans humilité ni critique ", dit benoît xvi. le mal n'est pas étranger à l'inquiétude du philosophe agnostique finkielkraut qui, au nom de la liberté et de la dignité de l'homme, refuse de voir " rationaliser le monde jusqu'à la mort de la mort ", garde le goût du mystère et cite péguy ; à la colère revêtue de gouaille de muray le catholique qui dénonçait, entre les mille et un ridicules souvent odieux de nos temps " festifs ", " le lamentable jeu de construction de l'europe que l'on prétend bâtir sur l'anéantissement impossible de l'eglise catholique, apostolique et romaine ".
A l'un et à l'autre, à tous ceux que le doute taraude, le pape rappelle l'ancien testament, l'incarnation, la charité ; se réfère à platon, au décalogue, aux actes des apôtres et montre que le christianisme qui " est la synthèse oeuvrée en jésus-christ entre la foi d'israël et l'esprit grec ", a façonné l'europe et peut seul rendre à nos contemporains la paix, avec leur identité. le saint père nous invite tous, chrétiens ou non, à l'humilité qui " accepte le mystère de dieu ", à la vertu de patience en quoi " l'espérance s'enracine " - à la lutte contre le tentateur qui nous impose de nous comporter en " témoins constants et authentiques de ces vérités fondamentales ".
"Lorsque l'on écoute les gens du monde parler du christianisme, on constate à quel point chaque terme, chaque dogme, est objet de malentendu.
Cela s'explique tout simplement parce que le christianisme est mal enseigné ou même n'est plus enseigné du tout. Il en résulte l'idée générale, et fausse, (premier malentendu) que, d'ailleurs, il n'y a rien à apprendre. Le christianisme se réduit alors à un vague sentiment philanthropique. Ces malentendus qui règnent aujourd'hui dans la conscience collective sont, en fait, de très anciennes hérésies, qui poursuivent ainsi leur existence comme ces bactéries datant d'un milliard d'années et qui continuent à pulluler.
Les bactéries, c'est de l'information. Les hérésies, c'est de l'information. On appelle hérésie une doctrine ou une théorie qui n'est pas conforme au message initial inscrit dans la sainte Bibliothèque hébraïque et dans les livres de la Nouvelle Alliance. Ce livre aborde quatre malentendus principaux : la conception irrationnelle de la foi, le problème de la trinité, le problème de l'incarnation, la conception gnostique de la chute originelle.
Lorsqu'on a accumulé tous ces contresens et tous ces malentendus, le christianisme devient, bien entendu inintelligible. Alors on ajoute un contresens de plus, en parlant, avec quelque délectation aussi, du mystère. Si, dans la langue française d'aujourd'hui, le mot mystère signifie généralement ce à quoi on ne comprend plus rien, dans le langage des Livres de la Nouvelle Alliance, les musteria étaient, au contraire, les secrets intelligibles proposés à l'intelligence humaine pour être son pain.
A l'évidence, pour ceux qui sont supposés professer la doctrine chrétienne, cette accumulation de contresens est très malsaine et, à la longue invivable. Pour ceux qui sont dehors, l'effet est également désastreux et répulsif. Le christianisme est tout d'abord une Pensée. C'est même la Pensée créatrice de Dieu. Il importe de découvrir son contenu. " Claude Tresmontant.
La philosophie a-t-elle encore un intérêt pour l'honnête homme d'aujourd'hui ?
Parce qu'il le pense, Robert Décout, alors rédacteur en chef de La Voix du Nord, avait demandé, il y a une vingtaine d'années, à Claude Tresmontant, d'écrire des chroniques régulières sur les sujets de son choix.
Celui-ci a pu ainsi traiter au jour le jour ces grandes questions qui lui semblaient essentielles pour notre temps : philosophie des sciences, métaphysique, théologie, exégèse, problèmes concernant la normative (la morale), rapports entre théologie et politique, etc. Il s'est efforcé de les aborder de la manière la plus claire et la plus simple possible, à l'attention du grand public.
A travers la discipline de pensée d'un homme libre, le lecteur découvre pas à pas la force et la fécondité de l'analyse philosophique rationnelle des problèmes. Fondée sur l'expérience comme point de départ de la connaissance pour l'intelligence humaine, intelligence capable d'atteindre la vérité, l'oeuvre de Claude Tresmontant est celle d'un maître à penser puissant et exigeant. Contre l'obscurité des courants dominants encore aujourd'hui, il rappelait que La clarté est l'honneur de l'intelligence, ajoutant souvent, en bon connaisseur de l'âme humaine : Ayons le courage de la précision...
Ces chroniques remportèrent rapidement un succès certain. Elles constituent un ensemble couvrant la plus grande partie des problèmes philosophiques qui s'imposent plus que jamais à nous au début du XXIe siècle : la place de l'homme dans l'univers, l'espace, le temps, les origines de la vie, l'évolution biologique, la formation du système nerveux, la question de l'athéisme, l'âme et le corps, le cerveau et la pensée, la mort, l'immortalité de l'âme, le problème du mal...
En rassemblant ainsi ces chroniques, Claude Tresmontant nous a donné, d'une manière originale et très accessible, un traité de philosophie générale sur les sciences expérimentales modernes.
Un autre regard sur notre temps.
Les pages qui composent ce livre font suite au premier volume intitulé Découvrir l'autre Univers (F.-X. de Guibert) récemment publié. Avant d'avoir été écrites, ces paroles ont été prononcées et on a voulu garder le style simple et direct. On a voulu ainsi correspondre au désir de beaucoup d'âmes qui, à travers cet enseignement, ont découvert l'Eglise et ont changé de vie. Le Père Théodossios-Marie de la Croix, né en Grèce en 1909, a uni en sa personne la tradition orientale, dans laquelle il fut élevé, et la tradition occidentale qu'il a aimée et embrassée en tant que prêtre de l'Eglise. Il possédait une vaste culture et une profonde connaissance des coeurs et, durant les années difficiles qui suivirent le Concile Vatican II, il consacra toutes ses forces à faire naître dans les âmes la confiance et l'espérance. Il s'est consumé jusqu'à son dernier soupir dans la fidélité à l'Eglise et au Saint-Père, pour transmettre à tous ceux qui l'approchaient l'amour de la vérité et le désir d'y conformer leur vie. Il s'est éteint à Bagnoregio (province de Viterbe - Italie) en 1989, entouré de ses fils et de ses Filles spirituels, dans la Fraternité de la Très Sainte Vierge Marie qu'il avait fondée. Quand on demandait an Père Théodossios d'écrire ses enseignements, il répondait que son unique désir était d'écrire dans les âmes. Puisse-t-il continuer à le faire grâce à ces pages !
Quand on regarde sur la Terre avec les yeux de l'âme, on peut, dit-on, voir quelques colonnes de lumière isolées la relier au ciel. Parmi les lieux d'où monte cette lumière, on cite régulièrement la Sainte Montagne athonite. Le moine de l'Athos, pourtant, parle du tourment de vivre dans un monde sans sainteté. Dans un tel monde, en des temps gris, seuls rayonnent encore de rares endroits que Dieu n'a pas abandonnés, des lieux saints dont les hommes ont oublié qu'ils étaient leurs sources vivifiantes, et auxquels ne reste qu'à garder le secret du salut possible, prêt à ressurgir. Le mont Athos, dit le moine, est aussi le lieu de multiples et pénibles tentations. Ne te leurre pas, ici non plus ne coule pas que l'eau limpide de la grâce. Mais c'est là que sont les monastères, les reliques des saints. Vois et souviens-toi de ce qui, ici, s'offre à toi : aie confiance en l'amour du Christ.
Si l'on tente d'analyser objectivement les rapports ou les relations qui existent entre judaïsme et Christianisme, il faut évidemment et tout d'abord se demander de quel judaïsme on parle, quelle sorte ou forme de judaïsme on envisage, puisqu'il y en eu plusieurs - et quel genre de Christianisme on envisage, puisque depuis les systèmes gnostiques qui ont pullulé dès les premiers siècles de notre ère, il existe plusieurs types ou espèces de christianisme. Si l'on décide de comparer le judaïsme sous la forme qu'il a pris depuis des siècles dans la tradition rabbinique et dans la tradition caraïte - et le Christianisme sous la forme qu'il a pris à l'intérieur de l'Eglise de Rome - alors on observe que l'ontologie fondamentale est la même, c'est la théorie de la création - la cosmologie est la même : un Univers en régime de création continuée, inachevée qui tend vers un terme qui est sa finalité ultime ; - l'anthropologie est la même : l'homme n'est pas une âme divine tombée dans un corps mauvais comme le professe la grande tradition platonicienne, néoplatonicienne et gnostique. La création en tant que telle, la création cosmique, physique, biologique est excellente, contre tous les systèmes gnostiques qui ont pullulé. L'homme créé est invité à coopérer activement et intelligemment à la création. La différence évidente se trouve dans le fait que le Christianisme orthodoxe reconnaît dans le Rabbi judéen qui s'appelait lui-même en hébreu ben adam, celui en qui, par qui, avec qui la création atteint et réalise sa finalité ultime. Le Judaïsme orthodoxe ne le reconnaît pas.
Les miracles rapportés dans les quatre Evangiles et dans le livre des Actes sont-ils, à l'analyse, possibles ou impossibles ? Pour étudier cette question et y répondre, il est nécessaire de faire appel à plusieurs disciplines complémentaires : la philologie parce qu'il importe d'entendre exactement le sens des termes utilisés dans les vieux documents hébreux, l'histoire parce qu'il faut établir autant que faire se peut la réalité des faits. Mais il est aussi indispensable de recourir à l'analyse philosophique, à l'analyse logique, à l'analyse métaphysique au terme desquelles se trouve la question très ancienne du possible et de l'impossible, du possible et du réel. La théorie de l'univers, la cosmologie, rentre en jeu et avec elle l'étude, indispensable à toute métaphysique, des sciences de l'univers et de la nature. C'est parce qu'ils n'ont pas effectué ce travail préalable que nombre d'éxégètes des siècles passés, et un grand nombre de leurs successeurs de nos jours, se sont efforcés d'écarter ou d'amoindrir les faits rapportés par les Evangiles. C'est ainsi que les miracles accomplis par le Rabbi Galiléen qui ont emporté la certitude de la vérité chez leurs témoins, sont paradoxalement devenus des obstacles pour les hommes d'aujourd'hui. Ce petit livre propose un exercice simple d'analyse logique sur les présupposés philosophiques de l'éxégèse dominante et leurs conséquences.
Si on demande à un adolescent : Qu'est-ce que la Morale ? Il vous répondra généralement : C'est un système d'interdits qui tombent, soit du Mont Sinaï, soit du Vatican, soit de la Préfecture de Police, et qui ont pour raison d'être de m'empêcher de faire ce que j'ai envie de faire, un système répressif et donc haïssable. Selon la grande tradition du monothéisme hébreu, l'Univers est une création qui est en train de se faire et qui est inachevée. Lorsque apparaît dans l'univers - il y a très peu de temps, quelques centaines de milliers d'années - un être qui a franchi le seuil de la connaissance réfléchie, un être inachevé lui aussi, la question posée est de savoir s'il va consentir ou non, coopérer activement et intelligemment ou non, à sa propre création, à son propre achèvement. Il existe des normes objectives pour que l'humanité, l'espèce humaine, l'Homo sapiens sapiens, apparu il y a si peu de temps par rapport aux durées cosmologiques, se développe, ne se détruise pas, ne régresse pas, ne se décompose pas. Ces normes objectives que toute intelligence normalement constituée peut discerner dans l'expérience et à partir de l'expérience, ne nous tombent pas d'en haut sur la tête. Elles sont inscrites dans la réalité elle-même, dans la création en train de se faire et inachevée. L'idée que se font les adolescents de la Morale, idée qui provient de Nietzsche, de Kant et de quelques autres, est donc absolument à côté de la question. La question des rapports entre le Christianisme et la politique est faussée à cause de cette conception fantastique et irréelle d'une Morale qui tombe et qui n'est pas inscrite dans le Réel.
La question de l'immortalité de l'âme a été embrouillée depuis des siècles parce que plusieurs manières de poser le problème ont été emmêlées et superposées. Dans la grande et noble tradition platonicienne et néo-platonicienne, l'âme est naturellement immortelle, parce qu'elle est d'origine divine. Elle est descendue, tombée dans un corps mauvais. Si elle se souvient de son origine divine, elle peut, par l'initiation, par la gnose, retourner à sa condition originelle. Dans la tradition de la pensée hébraïque et chrétienne, le problème est beaucoup plus difficile, parce que l'âme humaine n'est pas incréée ; elle n'est pas issue de la substance divine ; elle n'est pas tombée dans un corps mauvais ; elle est créée à la conception. Et donc la question de savoir si elle subsistera après la mort, dépend de la question de savoir si elle continuera d'être créée après la mort. Et selon le christianisme, pour entrer dans la vie éternelle, il faut consentir et coopérer à une nouvelle naissance, une naissance d'en haut, que Schaoul-Paulus appelle une métamorphose. Ce qui nous conduit à l'étude suivante : la finalité de la création, le salut et le risque de perdition.
Selon le monothéisme hébreu, la création est finalisée, c'est-à dire qu'elle tend vers un terme qui est voulu depuis les origines. Selon la branche chrétienne du monothéisme hébreu, cette finalité ultime de la création se réalise en celui qui s'appelle lui-même, en hébreu, le ben adam, le fils de l'homme ; qui appelle Dieu : mon père ; et que Dieu appelle : mon fils. Nous, nous naissons dans un état antérieur à la nouvelle naissance, la naissance d'en haut, qui est absolument requise pour que l'homme créé puisse devenir participant de la vie de l'Unique incréé. Nous naissons avant ce que Paul, dans ses lettres, appelle la métamorphose, la création de l'Homme nouveau en nous. Il existe donc des conditions objectives qui sont requises pour que l'homme, né dans la condition de celui que Paul appelle le paléo-anthropien, puisse devenir l'homme nouveau, conforme à celui en qui se réalise la finalité ultime de la création. Ce n'est pas un problème de morale. Ce n'est pas un problème juridique. C'est un problème d'être. A quelles conditions l'Unique incréé peut-il créer des êtres qui soient pour lui comme son vis-à-vis, capables de prendre part à la vie de l'Unique ? C'est ce que Maurice Blondel a appelé le problème capital de la métaphysique chrétienne.
20x13x1cm. Broché.
La communauté chrétienne de Rome, fondée au cours des années trente de notre ère à partir de la communauté judéenne de Rome, a une pensée qui lui est propre, distincte de celle des plus grands docteurs de langue grecque ou de langue latine, Justin, Tertullien, Origène, Grégoire de Nysse, Augustin, Cyrille d'Alexandrie, etc. C'est une question de fait que chacun peut vérifier. La pensée de l'Eglise de Rome, depuis bientôt vingt siècles, se caractérise par le plus strict et absolu monothéisme : Dieu est une unique, singulière, absolument simple substance spirituelle (Vatican I). La christologie de l'Eglise de Rome qui est celle de la toute première communauté chrétienne de Jérusalem considère directement l'Homme véritable uni à Dieu. L'Eglise de Rome a toujours été depuis ses origines opposée aux spéculations gnostiques et théosophiques qui ont fleuri dans les premiers siècles et qui ont refleuri avec les maîtres de l'idéalisme allemand. Et c'est pourquoi sa conception de ce que, depuis saint Augustin, on appelle le péché originel n'est pas gnostique. L'Eglise de Rome est un système biologique autorégulé en développement à partir d'un message génétique initial que J.-H. Newman a appelé le type dans son Essais sur le développementde la doctrine chrétienne. Contre vents et marées à contre-courant des probabilités, elle est restée fidèle, à travers les siècles, à ce message génétique initial. Elle remonte l'entropie. Elle manifeste son indépendance en définissant ce qu'elle pense comme un arbre qui rend visible petit à petit ce qui est inscrit dans son germe.
Le monothéisme hébreu est une métaphysique selon laquelle l'Univers est une Création qui est en cours, inachevée, et tendue vers un terme qui est sa finalité ultime. Selon la branche chrétienne du monothéisme hébreu, cette finalité ultime de la Création se réalise en la personne de celui qui s'appelle lui-même, en hébreu, le ben adam, le fils de l'Homme - qui appelle Dieu : mon père - et que Dieu appelle : mon fils. Le bienheureux Jean Duns Scot, mort à Cologne en 1308, a eu le mérite de reprendre le problème en métaphysicien de grande race qu'il était. Celui en qui se réalise la finalité ultime de la Création, il est le premier voulu, le premier visé, le premier pensé. Et les conditions métaphysiques de la réalisation de ce dessein, lorsqu'elles sont analysées, laissent apercevoir qu'il existe une préparation, une pré-adaptation, de chaque étape de la Création à l'étape ultérieure. Ainsi le peuple hébreu tout entier a-t-il été, par création, et donc par grâce, préparé, pré-adapté, pendant des siècles, pour être capable de recevoir, d'assimiler, de porter l'information créatrice qui vient de l'Unique. Ainsi une jeune fille, en Israël, a-t-elle été, par création, et donc par grâce, préparée, pré-adaptée, pré-sanctifiée, pour consentir à recevoir, à porter, celui en qui l'information créatrice de l'Unique est tout entière présente, comme dans un Germe, le Germe de la nouvelle Création.
Si l'on étudie l'histoire de la pensée humaine telle qu'elle nous est connue aujourd'hui sur une durée d'environ trente siècles, en Chine, en Inde, en Grèce, dans l'ancien Orient, etc., on découvre qu'en réalité il existe quelques types de métaphysiques fondamentales et que les philosophes, à travers les siècles, ont brodé ou effectué des variations sur ces thèmes fondamentaux. L'analyse et l'examen critique de ces quelques rares métaphysiques possibles et réelles permettent de faire avancer l'analyse des problèmes métaphysiques en eux-mêmes. Car on découvre, en étudiant les métaphysiques que l'humanité a conçues depuis plus de trente siècles, que certaines respectent l'expérience objective, tandis que d'autres l'envoient promener. Il faut donc se demander quelle est la bonne méthode en métaphysique. On découvre aussi, par cette étude, qu'il existe de secrètes préférences qui commandent les options métaphysiques, certaines préférences et certaines détestations, qui sont souvent antérieures à l'analyse rationnelle du donné et qui s'y opposent violemment. Il faut donc tenter, à propos des quelques métaphysiques qui existent dans l'histoire de la pensée humaine, ce que les vieux théologiens appelaient le discernement des esprits.
... La métaphysique biblique, parmi les autres métaphysiques, celles de l'Inde, de la Grèce ou de l'occident non chrétien, occupe une situation exceptionnelle. C'est une métaphysique à part, avec sa structure propre, son point de départ et ses tendances personnelles. Elle a, pourrait-on dire, une nature essentiellement différente des autres métaphysiques, les métaphysiques des nations... Le philosophe peut-il, doit-il, aujourd'hui encore, tenir compte de l'apport métaphysique des Livres inspirés, sans porter préjudice aux droits légitimes, aux exigences irrépressibles de la raison, ni aux connaissances positives accumulées par des siècles de recherche ? En un mot, la métaphysique biblique ,est-elle vraie... ? .
Propose de condenser les conclusions de C. Tresmontant, en esquissant le portrait et le parcours de Jean. Il suit le disciple sur les traces de Jésus, du Jourdain au Cénacle et au Calvaire, l'accompagne sur l'île de Patmos. Comment ne pas être intrigué, en lisant l'Évangile selon saint Jean, de ces mentions répétées : « l'autre disciple... », « celui que Jésus aimait » ? Un disciple que les autres évangélistes mentionnent tout aussi discrètement : « Allez chez Untel... », « Vous verrez un homme portant une cruche... »
Bien des exégètes ont cherché à percer son identité. Claude Tresmontant, dans ses études approfondies sur l'Évangile selon saint Jean et sur l'Apocalypse, nous a fourni une piste que l'on ne saurait négliger. L'auteur du présent essai s'est employé à condenser les conclusions de cet érudit, en esquissant, en langage moins savant, le portrait et le parcours de ce disciple anonyme.
Il parcourt d'abord l'Évangile de Jean et suit le disciple sur les traces de Jésus, du Jourdain au Cénacle et au Calvaire. Puis il l'accompagne sur l'île de Pathmos où, d'après de très anciens témoignages, il eut, après avoir fondé l'Église d'Éphèse, la Révélation qui clôt le Nouveau Testament, le livre de l'Apocalypse. Après quoi, probablement, ce disciple qui reposa sur le coeur du Seigneur lors de la dernière Cène, donna sa vie pour Celui qu'il avait suivi fidèlement. Un petit livre décisif pour redécouvrir et relire l'Évangile de Jean et son auteur, et une excellente introduction à l'exégèse de demain.
Lorsqu'on parle d'un " think tank ", on pense tout de suite à une institution américaine. On ignore souvent la puissance des fondations allemandes et leur capacité d'influence sur les politiques définies au sein de la communauté euroatlantique. Tel est le cas de la Fondation Bertelsmann, adossée à la grande entreprise du secteur de l'édition et des médias. Forte de plus de 300 collaborateurs, la Fondation est capable d'intervenir sur tous les grands sujets qui intéressent les acteurs de la mondialisation. Outre un engagement dans le domaine de la santé, il est peu de débats concernant l'avenir de l'Union européenne auxquels elle n'ait pas imprimé sa marque. Dans un contexte de tensions entre les Etats-Unis et l'Europe, la Fondation Bertelsmann se voit un rôle de médiatrice. Mais, ce qui l'intéresse surtout, comme le montre l'auteur, c'est d'imaginer les contours d'une " gouvernante mondiale ". Alors même que la Fondation a largement contribué au consensus transatlantique des trente dernières années, la crise actuelle sert à la Fondation à rebondir : jamais, plaide-t-elle, on n'avait eu autant besoin de cadres globaux pour la communauté internationale. Cette enquête, remarquablement documentée, éclaire bien des décisions politiques des années récentes.