Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les crises induites par la destruction de notre habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de propriété privée ? Remettre en cause la souveraineté des États-nations ? Comment construire ensemble les institutions internationales qui permettraient de prendre soin de nos communs globaux que sont le climat mais aussi la biodiversité, la santé, les cultures et jusqu'à la démocratie ?
Car c'est elle qui, aujourd'hui, est menacée par notre refus d'inscrire des limites à la toute-puissance de la personnalité juridique, des techniques extractivistes et de la marchandisation du monde. Où trouverons-nous les ressources politiques, culturelles et spirituelles pour inventer ces limites et en faire une chance plutôt qu'une insupportable privation de liberté ?
Un tel projet exige de refonder l'utopie des Lumières. Et pour cela, de puiser à la source du christianisme, qui constitue l'une de ses matrices historiques. Il implique donc une révision de la manière dont le christianisme se comprend lui-même : expérience stylistique du retrait d'un Dieu qui s'efface pour nous ouvrir à un horizon démocratique qu'il nous revient d'imaginer ensemble ? Ou religion d'un Christ glorieux qui légitimerait une souveraineté politique autoritaire, carnivore, phallocratique et colonialiste ? Telles sont quelques-unes questions que pose ce livre.
Apprendre à y répondre participe peut-être de ce que les traditions bibliques nomment la sainteté.
Gaël Giraud est économiste et prêtre jésuite. Directeur de recherches au CNRS, il dirige depuis 2021 le programme de justice environnementale à l'université de Georgetown. Il a notamment publié : Vingtpropositions pour réformer le capitalisme (avec Cécile Renouard, Flammarion, 2009), Illusion financière (Éditions de l'Atelier, 2013),Produire plus, polluer moins : l'impossible découplage ? (col., Les Petits Matins, 2014).
Une rabbin et un intellectuel musulman s'entretiennent ici autour de l'essentiel : comment être juif ou musulman ? Quel rapport - semblable, différent, complémentaire... - à l'histoire, à la loi, aux rites et aux coutumes, à la laïcité, à la filiation, à la vérité ? Où en sont les femmes dans le judaïsme et l'islam d'aujourd'hui, quelle est leur place publique et privée ? Quelle relation entretiennent musulmans et juifs avec Dieu ?
La révélation dont les textes gardent la trace n'a de sens que dans des interprétations renouvelées au fil des générations : telle est la conviction qui rapproche, au-delà des différences, Delphine Horvilleur et Rachid Benzine, dans un dialogue à la fois vif et profond. La rabbin affirme que lire la Torah, c'est toujours se battre avec un texte complexe ; pour l'islamologue, se réclamer du Coran, c'est d'abord écouter une parole pour être « bien guidé ». La responsabilité religieuse consiste aujourd'hui à sortir de l'idéologie identitaire, du sacré intemporel qui fige la tradition dans le passé, à poursuivre avec les autres - tous les autres - un dialogue à la fois amical et franc, qui refuse les remparts du fondamentalisme religieux et laisse l'avenir ouvert.
Un livre d'une grande liberté de ton, particulièrement bienvenu en ces temps où il faut lutter contre les murs, symboliques ou concrets, que certains érigent comme s'ils étaient devenus l'unique salut possible.
Delphine Horvilleur est rabbin. Elle a publié En tenue d'Eve et Comment les rabbins font des enfants (Grasset, 2013 et 2015).
Rachid Benzine est islamologue. Il a publié Les Nouveaux Penseurs de l'islam (Albin Michel, 2004), Le Coran expliqué aux jeunes (Seuil, 2013) et Nour, pourquoi n'ai-je rien vu venir ? (Seuil, 2016, adaptée au théâtre sous le titre Lettres à Nour).
Vous tenez en main le plus improbable des dialogues.
Kelly, Bartosz, Peterson... et tant d'autres vivent dans la pauvreté, la rue, la galère. Eux à qui on ne donne jamais la parole et qu'on n'entend jamais, entrent ici en discussion avec le pape François, qui « rêve d'une Église pauvre pour les pauvres ».
Ils se sont parlé longtemps : eux qui ont soif de relation, de proximité, de justice, et lui qui ouvre pour l'Église un chemin « de fraternité, d'amour et de confiance ».
Les questions sont venues du monde entier. Elles sont de celles qu'on n'avait posées à aucun pape : son salaire, ses amours, ses défauts, ses doutes, ses angoisses, son confesseur... Elles bousculent aussi François sur l'argent, l'injustice, la guerre, le mal ou le désespoir.
Les réponses de celui-ci sont sincères, provocantes ou graves, toujours sans détour. Elles sont de celles qu'on n'avait jamais lues ailleurs.
Un échange d'égal à égal, unique et inspirant.
L'association Lazare, qui anime des colocations solidaires entre jeunes actifs et personnes de la rue, est à l'origine de ce dialogue. Avec l'aide de nombreuses associations partenaires, elle a recueilli des questions des pauvres du monde entier, puis a accompagné certains d'entre eux à Rome, pour les poser directement au pape. Avec l'accord de ce dernier, l'intégralité des droits d'auteur du livre sera reversée à ces associations engagées sur les cinq continents.
Dans le paysage religieux de l'humanité, le judaïsme est considéré comme la plus ancienne religion monothéiste, confessant qu'il n'existe qu'un seul dieu, qui est à la fois le dieu spécifique du peuple d'Israël et le dieu de tout l'univers. Cette idée d'un dieu unique s'est ensuite propagée à travers le christianisme et l'islam.
Le dieu auquel se réfèrent, de manières différentes, les trois religions monothéistes, semble régner seul de toute éternité sur le ciel et la terre. À y regarder de plus près, on trouve cependant dans les différents textes bibliques des indices qui attestent que les anciens Israélites vénéraient d'autres dieux à côté de Yahvé. De fait, contrairement à ce que certains théologiens continuent d'affirmer, il ne fait pas de doute que le dieu de la Bible n'a pas été « unique » depuis toujours.
En analysant les textes bibliques comme n'importe quel document de l'Antiquité et en confrontant les méthodes exégétiques aux plus récentes découvertes de l'archéologie et de l'épigraphie, cette enquête passionnante retrace l'histoire de ce dieu de l'orage et de la guerre depuis ses origines jusqu'à sa « victoire » sur les autres dieux et déesses, son installation comme dieu national en Israël et en Juda et, enfin, l'affirmation de son unicité et de sa transcendance.
Deuils, dépressions, naufrages éthiques, ruptures amoureuses, krachs existentiels... : parfois la vie se fait dure, voire terrible. Nul n'échappe à ces chutes qui nous placent face à la seule question qui vaille alors : saurons-nous traverser ces nuits et nous relever - autrement dit : ressusciter ?
Un solide équipement métaphysique peut nous aider à sortir de ces épisodes dramatiques de l'existence, à les commuer en situations résurrectionnelles. C'est d'une telle métaphysique, chrétienne, qu'il est question dans ce livre à la fois marqué par le tragique de la condition humaine et rempli d'espérance. Denis Moreau y entremêle réflexions philosophiques et témoignages personnels pour examiner quelques-unes des catastrophes que la vie nous réserve et décrire la façon chrétienne de tenter de les traverser, à la lumière de la foi en la résurrection du Christ. Parce que les petites résurrections dans nos vies sont comme des rejetons de la grande. Et que, ainsi que l'écrit Hemingway : « L'homme n'est pas fait pour être vaincu. L'homme peut être détruit, mais pas vaincu. »
Peu de gens le savent : Jésus occupe dans le Coran une place éminente, supérieure à celle qu'occupe Mahomet lui-même.
C'est de cette surprise que Prieur et Mordillat sont partis. Bien que le Livre sacré de l'islam soit un texte difficile à appréhender pour les non-musulmans, il existe des points de contacts qui permettent notre lecture : une lecture critique à la fois littéraire et historique, une lecture non religieuse comme celle entreprise précédemment avec le Nouveau Testament.
La sourate IV qui raconte de manière très particulière la crucifixion de Jésus est le point de départ. À partir de ces quelques versets, les auteurs ont cherché à reconstituer ce qu'ils pouvaient savoir de la prédication de Mahomet et pourquoi elle s'est développée dans une région de réputation païenne, tout en étant très marquée par les références bibliques et l'influence des églises syriaques.
Une religion ne naît jamais de rien. L'islam s'est voulu l'ultime révélation après la révélation juive et la révélation chrétienne. Elle en est à la fois la continuité et l'adversaire.
C'est au carrefour des trois formes du monothéisme, dans l'héritage du judaïsme de Moïse et du judéo-christianisme de Jésus, que les auteurs ont voulu comprendre les origines de l'islam. Pourquoi et comment le juif de Galilée mué en Christ fondateur du christianisme est devenu, dans la péninsule arabique au VIIème siècle de notre ère, « le messie Jésus, fils de Marie, envoyé d'Allah' », l'ultime prophète avant le Prophète.
Radical, brillant, inspiré, ce livre explore la teneur et le sens de l'acte de prier, et ce à quoi il conduit : l'extase. Le paradoxe de la prière est sa caractéristique la plus significative. Besoin fondamental, elle est prise entre son urgence et son extrême difficulté. Elle lie la plus grande individualité et le lien le plus puissant, le détachement et l'attachement, la soumission et la condamnation, l'acceptation d'une volonté divine et sa contestation. Mais elle permet, par là même, l'évasion mystique, l'élévation vers l'essence du monde, en étant à la fois en lui et hors de lui. En ce sens, elle pourrait bien être la solution du paradoxe premier de l'homme : accomplir une oeuvre qui n'est pas de ce monde -, et sa voix la plus authentique. Parole musicale par excellence, parole révélante, elle propose dialogue, changement, conversion. Difficile, impossible parfois, tant ce qu'elle met en jeu - le don, le pardon et l'abandon - est rare, elle dépend aussi de conditions - un lieu, une liturgie, un moment - que le livre explore.
À travers l'évocation de textes religieux et profanes, des pères de l'Église à Angelus Silésius, de Rimbaud à Bonnefoy, ou encore d'Anna Akhmatova à Simone Weil, cet essai est un manifeste sensible et poétique sur le besoin de prier - fût-ce celui que Ionesco appelait " le Je ne sais Qui ".
A travers un essai de lecture générale des Psaumes, appliquée ensuite à quelques-uns d'entre eux, cet ouvrage présente les " chants sacrés " sous des aspects bien peu conventionnels.
Nuit et jour : c'est dans la lumière et les ténèbres de la Passion, dans les rires et les pleurs, la louange et la supplication, le proche et le lointain, que se trouve la réponse, apparemment contradictoire, du croyant au Créateur. Nuit et jour : c'est le mot de passe de ce livre constitué d'entretiens brefs et familiers où éclate l'originalité des Psaumes et, à travers eux et depuis eux, l'originalité de toute prière.
Le texte des Psaumes cités est celui de la traduction liturgique la plus récente (Liturgie des heures, édition 1980).
Dieu, Kyrios, Deus, Notre Père, Iahvé, Elohim, Adonaï, Jésus ou Allah ont indéniablement un « air de famille ». Cela ne veut pas dire qu'on puisse les traduire les uns dans les autres sans précaution ni qu'ils soient identiques comme le laissent entendre un peu vite ceux qui prônent la notion de « religions abrahamiques ». Il n'en demeure pas moins que ces trois religions se réfèrent à des Révélations. Elles nous recommandent de croire que Dieu s'est révélé lui-même, de diverses manières selon qu'on soit juif, chrétien ou musulman.
Philippe Borgeaud insiste sur un point névralgique : pour l'historien ou l'anthropologue, l'islam, le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme, l'animisme ou l'hindouisme n'existent pas en tant que tels, pas plus que les dieux auxquels on les associe. Il n'y a de religion que dans les paroles, les sentiments et les actes de ceux qui s'en proclament les acteurs ou les adversaires. Pour saisir cette divergence fondamentale, entre le sens commun et l'observation des sciences humaines, comparer les croyances entre elles est indispensable.
Tout en interrogeant notre présent, posant la question de savoir si on peut encore « afficher de l'incroyance », Borgeaud analyse les systèmes de pensée religieuse. Dans ce livre, il nous propose de repenser les mythes et les récits fondateurs qui ont contribué à transformer des pratiques et des croyances ancestrales en « religions » modernes.
Olivier Roy s'est imposé comme un spécialiste mondial de l'islam politique. Mais l'acuité de son point de vue, amplement saluée, est-elle simplement due au savant travail d'un universitaire méditant les bouleversements géopolitiques dans la solitude de son cabinet ? Non : ce livre d'entretiens revient au contraire sur un parcours atypique, souvent surprenant, voire iconoclaste, conté avec talent et liberté - de ses engagements personnels depuis l'hypokhâgne et la khâgne de Louis-le-Grand aux voyages répétés en Afghanistan avant et pendant la guerre des années 1980 (en passant par la Turquie, l'Iran, le Pakistan, le Yémen.), qui ont entrecoupé sa carrière de professeur de philosophie en lycée, jusqu'à ses fonctions « officielles » en Asie centrale post-soviétique et sa consécration scientifique.
Mais au-delà d'un récit vivant et coloré, les événements deviennent prétextes à de multiples réflexions, inédites et stimulantes pour l'intelligence de notre situation actuelle. Le livre continue en effet la réflexion originale de Roy sur ses objets intellectuels favoris : l'islam politique bien sûr sous ses multiples facettes (immigration comprise), mais aussi l'« invention des nations » post-soviétiques, le rapport du chercheur aux États qui le consultent et, plus largement, le devenir des cultures, des religions et de la laïcité dans les soubresauts de la mondialisation.
Au moment où les sociétés sont assaillies par une crise sanitaire extrêmement déstabilisante, ces mots du pape François appellent à nouveau au combat spirituel autant que politique.
Cinq ans après l'encyclique Laudate si', le pape prolonge ici avec Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food, son exhortation à protéger notre « maison commune » des dégradations humaines et écologiques causées par notre système. Les deux hommes dénoncent ces autres virus que nous avons développés, une économie de marché sauvage, une injustice sociale violente. Mais ils entreprennent aussi, avec vigueur et profondeur, de dessiner les voies d'une écologie qui cesse d'être un slogan pour devenir un choix. Biodiversité, économie, migration, éducation, communautés : ces notions font l'objet d'une réflexion particulière, constructive et optimiste.
Réunis par une même confiance dans un changement possible, le pape et le militant appellent toutes les compétences et les bonnes volontés à s'unir pour transformer notre vie et s'engager dans la défense d'une biodiversité indissociablement humaine et écologique. À ce titre, l'expérience des ethnies qui vivent en relation étroite avec la nature est essentielle à considérer : elles « ressentent nos propres ombres » que nous ne voyons pas nous-mêmes. Et les murs que nous construisons, à abattre.
Ce livre tente de montrer que la « crise des religions », visible à travers la poussée fondamentaliste, vient d'une disjonction croissante entre religion et culture(s). Le religieux demeure pour ainsi dire isolé, sorti des cultures traditionnelles où il est né, écarté des nouvelles cultures où il est censé s'intégrer. De cette schizophrénie naissent, selon O. Roy, la plupart des phénomènes religieux « déviants » qu'on peut observer aujourd'hui.
Il en résulte une approche très neuve du phénomène religieux, avec des questions essentielles reposées par notre actualité : quel rapport entre religion et culture, religion et civilisation ? Mais d'abord : qu'est-ce qu'une culture, une civilisation ? La culture doit-elle être en opposition ou en accord avec le fait religieux ? Que fait-on de la culture de celui qu'on veut convertir ? Que devient la religion de celui qui est déraciné de sa culture d'origine ? Comment la culture mondialisée transforme-t-elle le religieux ? De nombreux exemples, pris dans l'islam et le christianisme contemporain, illustrent une réflexion qui explique la conjoncture religieuse étrange de notre temps.
Les Pouvoirs du sacré pose une question brûlante : celle de la place persistante du sacré et de la religion dans la vie sociale contemporaine. Ni une vision linéaire de la sécularisation comme déclin progressif et mondial de la religion, ni une compréhension mystique du « retour du religieux » ne conviennent pour appréhender ce phénomène complexe. Hans Joas parcourt, synthétise et discute les grands paradigmes qui ont été élaborés par la philosophie et la sociologie, depuis le xviiie siècle, pour penser la vie religieuse.
En discussion critique avec Max Weber, Joas construit une alternative au récit du « désenchantement du monde ». Il estime qu'une compréhension du devenir de la religion ne peut se séparer d'une interprétation des tensions entre le politique et le religieux, l'État et les Églises, qui ont paradoxalement créé des interstices dans lesquels les individus ont pu construire leur liberté et redéfinir leur vie en commun.
Il s'agit aussi d'un livre engagé en faveur d'un universalisme des droits de la personne qui se traduirait, au plan théologico-politique, par le double rejet des théocraties et des dictatures laïques, et par une mise en garde contre la tentation d'une « auto-sacralisation de l'Europe » contre l'islam.
Abus sexuels, concentration de la parole et du pouvoir, exclusion des femmes : comment ces faits ont-ils été rendus possibles au sein d'une institution née pour incarner la parole de Jésus ?
Avec toute la vigueur de la colère et d'un attachement authentique au message évangélique, Loïc de Kerimel va à la racine du mal : l'Église ne produit pas privilèges et abus comme n'importe quelle institution de pouvoir le fait ; elle est fondée sur l'affirmation d'une différence essentielle entre une caste sacerdotale, sacrée, et le peuple des fidèles.
Alors que Jésus dénonce le monopole des prêtres et de la hiérarchie lévitique du Temple dans l'accès au salut, l'Église chrétienne naissante se dote d'une organisation similaire. Alors même que le judaïsme naissant se convertit à une spiritualité sans prêtres ni sacrifices, l'Église donne au repas du Seigneur, l'eucharistie, une tournure sacrificielle.
Or, c'est précisément autour du monopole sacerdotal, et masculin, de cette célébration que le cléricalisme a fait système et s'est installé dans l'histoire. Tenu à l'écart des réformes, il a généré les abus de pouvoir qui gangrènent l'Église aujourd'hui.
Un livre passionnant et nécessaire.
Les religions contiennent des trésors d'humanité. Il est indispensable de les comprendre pour s'orienter dans la vie.
Le monde est aujourd'hui plus conflictuel, plus tendu autour des questions des croyances. Les religions redeviennent souvent sources de malentendus et prétextes à des guerres, il est urgent de saisir leurs liens, leur unité, comme leurs différences. Se connaître les uns les autres pour mieux se respecter est donc devenu aujourd'hui plus indispensable que jamais.Ce livre d'une grande clarté s'adresse à tous, en des termes simples, mais exacts et vérifiés, sans ligne de pensée. Il explique en quoi croient des millions d'êtres humains, et expose certaines notions fondamentales (le sacré et le profane, le fanatisme et la tolérance, les sociétés laïques et religieuses...) avant de considérer les principales religions (le Judaïsme, le Christianisme, l'Islam, l'Hindouisme et le Bouddhisme) dans leurs spécificités. De manière sensible, honnête et efficace, Roger-Pol Droit fixe ainsi des points de repères qui nous manquent souvent dans leur appréhension et aident à la compréhension de chacune d'entre elles.
L'iconographie de ce livre très riche et commentée par l'auteur démontre également à quel point l'art s'est depuis toujours placé au service de la religion et comment sans connaître les fondements des différentes religions il n'est pas possible d'appréhender l'ensemble de notre histoire culturelle.
Le diagnostic est que l'Église catholique est très malade après la politique de deux papes - Jean-Paul II et Benoît XVI - qui ont tenté et tentent de la " restaurer " dans le sens le plus traditionnel (rigorisme constamment réaffirmé en matière morale, " discipline " ecclésiastique renforcées, traditionalisme liturgique.). Tout cela aboutit aux affaires retentissantes de début 2009 : réhabilitation d'un évêque négationniste, évêque condamnant l'avortement d'une petite fille, pape condamnant le préservatif... Un peu plus tard, éclate le scandale des prêtres pédophiles. L'Église catholique est affectée d'une crise sans précédent en Europe : absence de prêtres, départ des fidèles... Küng pense qu'un système romain - de puissance, de fermeture, d'arrogance - a fait son temps. Il critique le juridisme, le cléricalisme, la méfiance envers la sexualité humaine, le système de gouvernement médiéval, la mentalité de croisade, le refus de toute réforme, le mépris de la science aujourd'hui comme hier, le refus de la démocratie - réservée aux autres -, le goût de l'autoritarisme et du secret, la haine du moderne, l'autocélébration et l'autoconservation internes qui se refusent à toute autocritique digne de ce nom, etc..Il propose également toute une série de remèdes (qu'on peut déduire de sa critique) pour " guérir " l'Église catholique : des réformes fondées sur l'Évangile, et non pour faire plaisir à l'esprit du temps (accusation récurrente contre Küng).
Elucider l'" incarnation ", l'existence dans la chair, l'" être-chair ", tel est le propos de ce livre.
La chair n'est pas le corps. car c'est la chair qui, s'éprouvant, se souffrant, se subissant et se supportant soi-même, jouissant de soi selon des impressions toujours renaissantes, est capable de sentir le corps qui lui est extérieur, de le toucher aussi bien que d'être touchée par lui. la chair seule nous permet en fin de compte de connaître le corps.
Mais l'élucidation de la chair rencontre nécessairement l'affirmation fondamentale qu'on trouve dans le prologue de l'evangile de jean : " et le verbe s'est fait chair.
" thèse invraisemblable, sur laquelle se joue pourtant le sort du christianisme à travers les âges. elle affirme à la fois que la chair du christ est semblable à la nôtre, que l'homme " est chair ", que l'unité du verbe et de la chair est possible et se réalise dans le christ. mais que doit être la chair pour être révélation ? et que doit être la révélation pour s'accomplir comme chair ?
Ce sont quelques-unes parmi les questions que michel henry aborde dans cette analyse de notre condition incarnée.
Il prolonge et approfondit la méditation de la vie qui faisait l'objet de ses précédents livres, en particulier de c'est moi la vérité. et c'est aussi une magnifique relecture critique de la tradition phénoménologique, de husserl à merleau-ponty.